Nos formateurs avaient coutume de nous dire que toute recherche doit être menée avec un minimum d’intégrité, c’est-à-dire effectuer une prise de recul sur la personne que nous sommes, les choix que nous faisons et les raisons qui nous poussent à les faire. Notre recherche sur l’entrepreneuriat féminin n’y faisant pas exception, nous souhaitons tenter d’expliquer dans quel courant féministe se situe nos travaux. Nous rappelons que l’influence peut être multiple et que nous devons toujours considérer le genre, la couleur de peau, l’orientation sexuelle ( Callas, 2007). Notre travail se situe dans l’approche socioconstructiviste de Alh (2006), qui considère le genre en fonction de l’impact et du contexte. Nous proposons dans cette bulle d’exploration que ces éléments qui ne peuvent s’observer seuls, soient imbriqués dans une histoire qui rend l’individu ou le chercheur unique. Cette singularité peut contribuer à expliquer les choix qu’il ou elle a effectués ou les chemins qu’il ou elle a pris.
Nous avançons l’idée selon laquelle : la place de l’individu dans la société ( Ribeiro, 2019) que lui aura donné son parcours de vie peut aider à cela. Dans notre cas, nous suggérons l’impact de l’interculturalité et du contexte social dans la construction de la femme qui a réalisé cette recherche sur d’autres femmes en entrepreneuriat. Lorsque la question nous était posée concernant l’approche féministe de nos travaux de recherche, nous avions coutume de répondre, qu’il s’agissait avant tout d’une approche entrepreneuriale même si elle est une forme de féminisme non approfondie.
Tout d’abord la place qui nous est conférée dans la société (Ribeiro, 2019) provient essentiellement de nos origines sociales et familiales bien que les mobilités de classe existent. Si nos origines culturelles importent peu en entrepreneuriat, le fait de naître dans un pays en voie de développement qui abrite de multiples formes d’entrepreneuriat au féminin informel mais également formel et déclaré, conditionne la perception que nous avons de l’autonomisation économique via la création d’activités commerciales. De plus, l’éducation rigoureuse des familles afro brésiliennes de mon époque des pays de la côte ouest africaine dont certains n’hésitent pas à envoyer leurs enfants à l’internat pour leur assurer des bonnes conditions d’apprentissage et de concentration sur l’objectif d’obtention d’un diplôme, peut participer à l’identification de l’école ou des institutions d’éducation nationale comme l’université ou l’école en général comme le meilleur moyen d’acquérir de la connaissance sérieuse et rigoureuse qui sera reconnue.
Pour continuer avec l’interculturalité, nous pensons que nous avons choisi de créer une entreprise puis d’aller faire une recherche académique pour comprendre une problématique qui avait été identifiée par les éléments cités ci-dessus. De plus, les pouvoirs publics encouragent fortement la création d’entreprise en France depuis un certain nombre d’années à travers des mesures fiscales favorables et que l’université nous apparaissait comme un lieu favorable à la production d’un travail pertinent. Par ailleurs, nous avons choisi un terrain dont les origines proviennent d’Amérique du nord, celui des mères et entrepreneurs (Cobe et Parlapiano, 2002). Elles le font pour concilier leur temps de vie et sont vues comme faisant partie des classes sociales supérieures en occident car elles bénéficient d’une situation économique stable de leur conjoint pour se lancer. Bien que cette croyance ne s’applique pas aux femmes d’Afrique subsaharienne, je n’ai pas considéré la France comme un pays reproduisant ce schéma. J’y ai plutôt vu ce mouvement comme un groupe hétérogène puisque l’association est national et qu’en fonction du secteur géographique les catégories sociales peuvent ne pas se ressembler.
Nous n’avons à aucun moment douter du caractère généralisable de notre recherche indépendamment des différences de genre, de classe sociale, d’âge etc si les individus possèdent les mêmes contraintes que celles qui ont été mobilisées dans nos travaux. A titre plus personnel, nous pensons que l’intelligence interculturelle peut et doit permettre d’aller chercher des solutions ailleurs que dans nos communautés de naissance si la situation l’exige et si la possibilité d’adaptation existe.
Pour résumer, nous avons choisi de créer une entreprise au moment de notre maternité car nous avions un contexte législatif et conjugal favorable, une habitude des pratiques entrepreneuriales prise dans notre pays d’origine avant le déménagement en France. Nous avons ensuite choisi d’aller effectuer une recherche doctorale car l’éducation familiale nous a habitués à considérer l’école au sens large comme le lieu de l’apprentissage le plus sûr.
Ayant adopté une démarche professionnelle (Berth, 2019), les questions récurrentes sur le féminisme et les questions raciales moins présentes m’avaient semblé étonnantes compte tenu de ma motivation pour créer une entreprise et plus tard pour produire de la connaissance. A présent, je peux tenter d’y apporter quelques réponses.
En tant qu’ entrepreneur auparavant, je ne me suis pas alignée complètement sur le savoir qui était disponible. En effet, ma vision qui ne me semblait pas si hors de propos que cela compte tenu du fait que j’avais moi-même déjà entrepris.
De même je partageais le point de vue d’une chercheuse américaine aussi entrepreneur qui préconisait alors d’adopter une approche entrepreneuriale pour appréhender les recherches de ce genre afin de proposer d’autres formes de connaissances (Stam, 2016) en matière de contextualisation.
En tant qu’ africaine qui a côtoyé d’autres entrepreneurs et mères dans des pays sous-développés, le fait de brouiller les frontières entre la vie privée et professionnelle mettant plutôt le style de vie choisi au centre du partage du temps, ne m’était pas étranger.
En tant que Française et francophone, mon travail fait ressortir des concepts et orientations issus de cette culture et vision de la recherche pour la plupart bien que la théorie principale provienne de chercheurs américains pour sa pertinence et la méthodologie choisie pour réaliser le travail.
En tant que femme imprégnée de valeurs humanistes et chrétiennes, ma vision de la famille et l’importance de l’ éducation des enfants surtout en période préscolaire a fortement influencé mes choix de carrière professionnelle et entrepreneuriale en axant mes objectifs davantage sur l’acquisition de compétences et la construction de relations professionnelles et extraprofessionnelles essentielles pour la compréhension de mon profil. De même, les problématiques des femmes devant être connues à partir de leurs réalités propres et singularités afin de pouvoir suggérer des mesures d’accompagnement et implications pratiques et managériales adaptées au contexte, au parcours de vie, aux compétences, au pays dans lequel vit l’entrepreneur, je me suis naturellement tournée vers celles qui partageaient le même vécu entrepreneurial que moi faisant fi de ma couleur de peau. Je pense surtout qu’il ne suffit pas de revendiquer pour avoir une identité de féministe. Cela doit aussi se voir dans nos choix.
En tant que noire, je me suis vue reprocher le fait de ne pas avoir traité une problématique tournée vers les droits civiques ou alors les problèmes structurels de l’Afrique noire subsaharienne. En ce qui me concerne, je suis davantage concernée par l’évangélisation au sens de « sensibilisation », par l’éducation, par la connaissance (Kilomba, 2008 ; 2021) de l’autre plutôt que par la confrontation directe et conflictuelle avec les hommes quels qu’ils soient ou encore avec les autres « races » bien que parfois la guerre des idées soit nécessaire.
Par ailleurs je pense fermement que les luttes contre les discriminations doivent se faire de la place que nous occupons. Je trouve qu’il est peu constructif de changer de métier pour devenir un « combattant professionnel ». Ce qui n’empêche pas que je respecte ceux qui consacrent leurs vies à cette cause.
Intelligence économique, Technologie de l’information, Identification professionnelle
Nous présentons dans ce billet, le cabinet Zs Conseils°°°°°°° à travers ses activités liées à : l’intelligence économique, la prospection et enfin une technologie de l’information. Notre cabinet ayant en son sein, des membres qui ont bénéficié d’une éducation à double culture à la fois Francophone, Française puis Africaine, sa mission est de mettre en avant cette vision des choses, du marché, des acteurs afin de permettre la création de synergies, de partenariats, de collaborations plus durables avec des villes, des institutions, des organismes, des entreprises.
Pour commencer, la férocité du marché commercial international et les nombreux acteurs qui s’affrontent à différents niveaux obligent désormais les grandes entreprises, les pays, les PME à s’intéresser à l’information intelligente. Pour ce faire, ils ont recours à l’intelligence économique. Elle est considérée par certains comme une capacité à saisir les informations données par le terrain mais également l’aptitude à savoir les interpréter d’une manière pertinente afin de les transformer en avantages concurrentiels pour leur organisation, leur institution, leur pays.
Dans notre cas, nous réalisons d’abord une veille documentaire de concepts, de ressources filmiques provenant de l’actualité. Les ressources filmiques proviennent de films scientifiques, ou encore docu-fictions relatant des faits, des phénomènes économiques, sociaux ou historiques. Cette surveillance des acteurs du marché, concerne les thèmes suivants : le genre, la diversité, l’entrepreneuriat responsable et durable, les performances atypiques, l’interculturalité.
Nous sommes également en mesure d’effectuer une analyse des données récoltées à travers des concepts prédéfinis pour faire ressortir des problématiques, des leads (projets) à travers des études exploratoires dans une logique de prospection intelligente.
Nous disposons également d’une application « Or en pépites » qui a pour vocation de montrer une façon de s’approprier les informations et d’en faire une connaissance spécifique à les mettant en œuvre. Cette application est une technologie de l’information de 3.0 à destination des professionnels francophones et francophiles.
Les trois rubriques de l’application sont les suivantes : Concepts en pépites, Informations en pépites, talents en pépites.
Les concepts en pépites correspondent à des newsletters simplifiées, les informations proviennent de supports filmiques, les talents en pépites regroupent des témoignages disponibles dans un podcast.
Les newsletters de notre application montrent comment les auteurs de l’application que nous appelons également « la bulle d’exploration » s’approprient et simplifient un concept. Cette perception est ensuite illustrée à travers une ressource filmique provenant d’extraits de films, de docufictions, de documentaires, de films scientifiques. Enfin, la troisième et dernière rubrique part à la rencontre d’acteurs de la société ayant un parcours permettant d’expliquer ou de comprendre un aspect du concept présenté dans la newsletter. « Or en pépites » est une marque déposée à l’inpi dont le contenu et concept appartiennent à Nadine Laclé. Une première version avait d’abord été proposée mais elle a vite été remplacée par celle qui vous est présentée dans cette newsletter 11. De même le cabinet de conseils Zs Conseils a été créé par Nadine Laclé.
Ce cabinet provient d’une réflexion qui a mené à réaliser une thèse de doctorat en sciences de gestion dans le but d’opérer une reconversion professionnelle. A travers ce projet, je souhaite poursuivre d’autres travaux de recherche qui seront liés à cette vision du monde. Ce qui signifie, partir à la rencontre d’une majorité silencieuse de la diaspora française et africaine en France ou en Afrique qui possède à travers une combinaison de ressources internes, culturelles et professionnelles des compétences particulières ayant permis de résoudre certaines problématiques de la société. Ces problématiques touchent à l’intégration culturelle permettant l’insertion professionnelle durable, la carrière entrepreneuriale, la vision du genre et du féminisme vu sous cet angle.
Partant du principe que l’intégration structurelle existe dans la mesure où les immigrés travaillent même si le travail au noir peut être un moyen de subsistance, nous cherchons davantage à nous focaliser sur la dimension qui donne le sentiment d’appartenir à un pays d’accueil qui n’est pas celui qui nous a vu naitre. Ce lien d’appartenance qui amène à se créer des relations personnelles et extra-professionnelles souvent utiles pour l’emploi déclaré et durable. Nous cherchons à travers ce biais à voir comment l’intelligence interculturelle peut devenir une compétence d’intégration sociale permettant l’accès à l’emploi.
De même, nous souhaitons comprendre les trajectoires des entreprises immigrées, leur processus de survie et de croissance. Si, les histoires de créations d’entreprises immigrées sont pléthoriques, leurs évolutions, leurs transformations, leurs capacités à générer du profit ou à créer des emplois et à être revendues restent moins nombreuses.
Pour finir, nous sommes aussi intéressés par la vision du féminisme au regard de ces problématiques interculturelles et professionnelles. Nous aspirons à approfondir ce pan de la recherche en mettant en lumière un point de vue moins interrogé et souvent mis de façon inconsciente dans le lot des voix existantes par les auteurs.
Pour en savoir davantage, nous vous invitons à consulter notre application « or en pépites » bientôt disponible en ligne.
Histoire, connaissance réelle, management
La newsletter précédente (20) a permis de montrer notre vision du management des équipes et nous l’avions distingué du management de l’expertise. Nous allons donc parler de management d’expertise sous un angle authentique à travers une personnalité historique. Pour cela, nous allons essayer de nous pencher sur un personnage de roman « la reine Margot » d’Alexandre Dumas sorti en 1845 et adapté au grand écran par Patrice Chéreau en 1994.
Nous avons préféré connaitre la vision des historiens (Bassan, 1987 ; De Saint Poncy, 1887) car selon nous elle incarne cette expertise naturelle qui se développe grâce à la longue exposition à un environnement qui nous façonne et nous donne une expertise voire même un rôle.
Ainsi Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis et sœur de trois rois de France, nous a paru intéressante à bien des égards pour illustrer cette expertise qui provient de notre environnement naturel et qui peut s’avérer utile professionnellement. Vous aurez compris que nous ne souhaitons pas parler de management de projets puisque de nombreux professionnels et chercheurs l’ont abondamment documenté et nous ne pensons pas faire mieux.
Avant de commencer, nous devons rappeler que Marguerite de Valois était une catholique, fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis devenue régente à la mort de son époux. Elle a uni sa fille Marguerite à un protestant Henri de Navarre dans une démarche d’apaisement car leur époque était gangrénée par les conflits de religion extrêmement sanglants.
Bien qu’elle ne soit pas toujours parvenue à éviter certains massacres, et qu’elle ait sombré même dans la violence à certains moments, c’est la fin de sa vie qui nous importe. Alors qu’elle fut exilée en auvergne et assignée à résidence après que son armée personnelle ait été défaite, et qu’elle ait été salie publiquement par ses adversaires politiques, elle a réussi à retourner l’opinion publique en mettant en avant les compétences provenant de son éducation à travers sa connaissance fine de l’art et en mettant en œuvre ses talents d’écrivain.
Elle était également vue comme une mécène encourageant les artistes de son époque. De même, sa lecture du paysage politique lui a permis de se constituer un réseau puissant d’informateurs dans la région d’auvergne qui s’est avéré utile à des moments importants pour ses alliés.
Bien qu’elle n’ait jamais été officiellement une femme d’état comme sa mère, mais plutôt donné en « mariage » comme un objet de transaction si l’on peut s’exprimer ainsi et comme cela se faisait beaucoup à l’époque, son éducation lui a permis de poser des actes qui ont permis par la suite être à certains historiens de la considérer comme une « Femme d’Etat ».
Alors qu’elle avait contribué à ce que son époux devint le roi par son mariage, celui-ci s’est remarié à son accession au trône. Pour le maintien et la pérennité du trône royal, ainsi que pour ses affaires personnelles fructueuses, Marguerite de Valois qui n’avait pas donné d’héritier à son époux, décida de soutenir son ex-mari, qui fit d’elle la marraine d’un de ses fils en retour.
Leur alliance a alors renforcé le trône, en effet Henri de Navarre devint Henri IV mais son accession au trône vit naitre une nouvelle dynastie royale.
Nous voyons donc que le mélange des frontières entre la vie privée et la vie personnelle est fréquent lorsqu’il est question de très hautes fonctions. Cette confusion des frontières est même souvent essentielle à la bonne marche des activités, à la stabilité et à la paix parfois.
A travers la gestion de ce que nous nommons « expertise naturelle » celle qui est donnée par l’environnement qui nous « humanise » et qui nous assigne une fonction naturelle que nous soyons rémunérés ou pas, que nous ayons un diplôme qui le formalise ou pas, nous obtenons une autorité morale qui parfois est davantage reconnue que notre expertise professionnelle.
Pourquoi ce détour par l’histoire de France ?
Tout d’abord parce que nous sommes particulièrement férus d’histoire avec un grand H et concernés par les figures féminines qui ont marqué leurs époques et leurs contemporains.
Ensuite parce que la force de l’éducation ne se voit qu’à travers ses personnages qui ne montraient pas de grands diplômes d’institutions prestigieuses mais plutôt à travers une éducation éparse.
La troisième et plus importante raison, c’est parce que ce personnage a déployé ses compétences clés à un moment crucial pour sa survie, sa réputation qui lui ont permis de rebondir plus tard.
Enfin cette connaissance (pas seulement culturelle) des hommes de pouvoir que lui confère son environnement éducationnel et leur gestion à travers l’histoire ont fait d’elle un personnage que les historiens ont choisi de réhabiliter à l’aune des faits.
Pour revenir à notre vision du management, nous pensons qu’il est possible de déceler une compétence managériale liée à une complexité (newsletter 19), à une spécificité (newsletter 20) ou à une éducation particulière (newsletter 21) non visible sur un curriculum vitae traditionnel.
Cette dernière compétence donne des pistes pour tenter des missions de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de conseils etc. Pour résumer, nous pensons qu’être exposé à un environnement durant une longue période, donne une connaissance, une expertise qui permet d’avoir une lecture pertinente et « juste » en fonction des circonstances et des interlocuteurs lors de crises, de conflits, d’incertitude.
Il nous a semblés important de prendre un personnage historique pour parler de cette compétence managériale dans la mesure où elle a été mise en œuvre et mise en lumière par les évènements plutôt que d’évoquer notre propre parcours qui est déjà présenté dans les newsletters en particulier celle qui traite de « Société, interculturalité et féminisme » et manquer à notre devoir de réserve en allant plus loin dans les récits.
Pour voir les autres rubriques, téléchargez notre application « or en pépites » bientôt disponible en ligne.