Incertitude, antifragilité et authenticité
Pour débuter cette aventure, nous reprenons une citation du philosophe de la pensée africaine Fabien Eboussi Boulaga qui à son époque avait osé l’aventure de l’authenticité à sa manière. Nous revisitons à notre tour ce concept d’une manière pragmatique et actualisée mais en y ajoutant d’autres regards dans une approche pluraliste et indivisible de l’humanité. Ainsi dans un extrait diffusé dans l’émission « thinking Africa » en 2015, cet illustre auteur va déclarer ceci :
« Dire socialisation, c’est se référer à certains des processus essentiels qui transforment l’homme primate en humain. On le socialise en lui donnant le statut d’une personne qui pourra ensuite prendre sa part à la gestion de la collectivité et au final à transmettre un héritage de lui-même. La socialisation va de pair avec la personnalisation, la sexualisation et la civilisation, en tant que collectivité d’humains » (Fabien Eboussi Boulaga, 2015).
Pour prendre part à la gestion de la collectivité, l’un des processus auquel il faut se soumettre est celui de la formation, de l’apprentissage de façon permanente et personnalisée et ceci dans tous les domaines d’activités professionnelle ou personnelle. Nous partons du postulat que la connaissance est : mouvement, dynamique, en perpétuelle mutation. En effet pour une gestion efficiente et efficace de la cité, des affaires, de la famille, il est primordial de pouvoir identifier les sources d’informations fiables pouvant être mises en pratique par chaque personne désireuse de s’investir dans toute activité humaine. Nous considérons que l’efficacité, la performance doivent être appréhendées dans un contexte global en tenant compte non seulement de l’individu mais aussi de son environnement, de sa capacité à se renouveler dans son travail ou dans ses compétences. Pour ce faire, nous proposons à travers cet outil, différents supports de connaissance qui permettent de nourrir la réflexion et la régénérescence des connaissances générales mais surtout spécifiques nécessaires.
Dans ce premier essai, nous souhaitons aborder le concept de l’Antifragilité ( Nassim Taleb, 2015). Nous vous présentons ensuite une interview d’ un secteur d’activité dans la société dans lequel selon nous, l’antifragilité existe. Puis, nous vous présentons également un parcours disponible dans le podcast qui peut être lue sous l’angle de l’antifragilité à bien des égards.
Pour commencer, pourquoi avoir choisi le concept de l’antifragilité ? Tout simplement parce que nous sommes entrées dans une ère incertaine si nous tenons compte la crise sanitaire que nous avons subie il y a peu de temps, si nous considérons également la guerre qui sévit actuellement en Ukraine et enfin si nous observons de près les différents changements sociétaux qui s’opèrent sous nos yeux à travers les scandales, soulèvements, manifestations et revendications sociales en tout genre. Cette incertitude qui a amené des milliers de personnes à perdre leurs emplois et à se retrouver sans repères nous conduit à proposer dans ce premier numéro un concept qui montre comment l’auteur a navigué dans plusieurs domaines d’activité en mettant en œuvre cette antifragilité qui aujourd’hui peut aider bien de personnes qui se trouvent démunies à la fois intellectuellement mais également socialement.
Il ne s’agit pas d’ériger des modèles mais plutôt des proposer des alternatives et des pistes de réflexion modestes à ceux qui désirent traverser cette période et son lot de gravités sans trop de dégâts ou plutôt avec une certaine ouverture d’esprit. Il s’agit d’un appel à accueillir l’inattendu.
Avant de parler de ce concept, il est important de dire quelques mots sur l’auteur. Il s’agit avant tout d’un praticien qui est devenu professeur à l’université puis auteur et essayiste aux Etats Unis. Après avoir été un spécialiste des mathématiques financières (trader), il a écrit et publié plusieurs ouvrages à succès dont celui sur l’ « antifragilité ». Ce parcours qui peut sembler atypique de prime abord peut être expliqué par la capacité de l’auteur à résister aux aléas de vie professionnelle en s’améliorant et non en restant identique à ce qu’il était. D’ailleurs il le précise lui-même à travers cette citation « l’antifragilité dépasse la résistance et la solidité. Ce qui est résistant supporte les chocs et reste pareil ; ce qui est antifragile s’améliore ». Il poursuit en rappelant que « cette qualité est propre à ce qui s’est modifié avec le temps ». Ainsi pour cet auteur, « l’évolution, la culture, les idées, les révolutions, les systèmes politiques, l’innovation technologique, les réussites culturelles et économiques, la survie en commun, les bonnes recettes de cuisine jusqu’à notre propre existence en tant qu’espèce sur cette planète » peuvent être qualifiés d’antifragiles (Taleb, 2013, p.36). A travers son ouvrage, il nous livre une définition bien poussée de ce concept qu’il complète par des témoignages de plusieurs personnes qu’il a pu rencontrer dans divers domaines d’activité qui ont illustré ces propos. Bien qu’ils soient tous intéressants et stimulants, nous retenons une anecdote qui exposée ci-dessous. Il se trouve dans le livre cinq qu’il a nommé « le non linéaire et le non linéaire » dans lequel il évoque de la manière dont il est possible de transformer le plomb en or et inversement l’or en plomb à l’image de notre application qui souhaite transformer des pépites en or:
« Un roi furieux contre son fils jura de l’écraser avec un grosse pierre. Après s’être calmé, il se rendit compte qu’un roi qui ne tient pas ses promesses n’est pas apte à gouverner. Son proche conseiller lui recommanda alors de réduire la pierre en tous petits cailloux et de le bombarder ensuite» (Taleb, 2013, p. 5).
Cet exemple qui est mobilisé pour une autre intention que l’auteur, tient à souligner tout simplement que si le préjudice causé augmente avec la taille transformant de ce fait, l’or en plomb, l’inverse est aussi véridique si l’objet de punition est remplacé par un objet de gratification.
Mais comment pouvons prétendre à la « fabrique » de la connaissance en générale et de la connaissance spécifique (Laclé, 2020) en nous l’appropriant. A l’instar d’ Henry Mintzberg dans son ouvrage paru en 2004 « des managers, des vrais, pas des MBA) nous postulons du fait que le management doit une pratique qui allie enseignement et expérience car toutes deux prises séparément produisent des « vérités coupées du réel ».
Ainsi nous vous suggérons dans les rubriques suivantes, une proposition d’éclairage théorique et pratique de l’authenticité qui découle de l’antifragilité dans deux domaines bien distincts.
Pensée sauvage, interprétation, information intelligente,
La pensée sauvage est le titre d’un ouvrage paru en 1962 par un auteur qui n’est pas méconnu : Claude Levi Strauss. Il y relatait alors ce qu’il a nommé la « science du pratique ».
Comme les observations sorties de cet ouvrage proviennent de peuples primitifs dans les Amériques et sur le continent africain, il est courant d’associer ce concept aux peuples dits « non civilisés » vivant en harmonie avec leur environnement loin des technologies et de la modernité. Cependant, cette pensée dite « sauvage » est partout présente dès lors que la pratique ne sépare pas l’observation de l’interprétation. Cette pratique qu’il a nommé « bricolage » se résume simplement de cette façon : « transformer ce qu’on a en mains en ressources nouvelles » dans une logique de création.
Nous avons tendance à considérer que ce bricolage ne s’opère que lorsqu’il y a peu d’informations concernant un secteur d’activité donné ou lorsque celui-ci est en phase d’émergence mais pourtant il peut prendre forme également sur des phénomènes qui présentent une certaine surcharge informationnelle pouvant produire de la confusion pour des individus non aguerris.
Qu’appelle-t-on surcharge d’informations ?
Selon Michel Kalika dans sa théorie du millefeuilles paru en 2007, soulignait l’inefficacité de la superposition des moyens et supports de communication qui au départ étaient pensés pour faciliter le travail des collaborateurs dans les organisations. De même, qu’il y eu mille feuilles dans les organisations, ce phénomène s’est étendu à toutes les sphères de la société si bien que désormais afin d’accéder à une information plus fiable, certains individus activent une sorte de pensée sauvage et de bricolage en tenant compte de leur environnement. Si la science a montré que le bricolage existe dans les sociétés primitives, les créations d’entreprise, les organisations apprenantes, certains individus tendant à produire ce type de comportement dans l’élaboration de leur carrière professionnelle en la construisant eux – mêmes pas à pas et non en suivant une trajectoire linéaire telle que proposée par la société dans un souci d’acquisition de compétences conforme à leurs aptitudes personnelles et à leurs appétences professionnelles.
Si le monde de l’entreprise privilégie les diplômes et particulièrement ceux délivrés par des institutions prestigieuses couronnant des études de moyenne ou longue durée, la surcharge d’informations et l’intoxication liée à cette avalanche de données peut produire une tendance à l’auto exclusion de ce système pour certains pourtant éligibles selon les critères de sélection préférant alors développer des aptitudes dans le monde associatif, les activités extrascolaires, des études moins longues, une insertion plus rapide dans le monde du travail avec une évolution en interne leur conférant une légitimité auprès de leurs équipes lorsqu’ils accèdent à des postes managériaux.
Mais alors comment peut-on concilier voire généraliser cette construction de carrière et la transférer dans un autre domaine d’activité en cas de crise socio-économique sans recommencer en bas de l’échelle?
D’aucuns se lancent alors dans la création d’entreprise en espérant rentabiliser leur expertise, d’autres choisissent la formation diplômante ou certifiante sans aucune garantie de retrouver une stabilité professionnelle qu’aurait sans doute donné une autre formation et ceci dans une institution réputée ou pas si ce choix avait été effectué dès le départ. Nous terminerons cette capsule en posant des questions pour une invitation à la réflexion collective :
Quelles sont les limites de la pensée sauvage ?
Comment peut-elle être amenée à évoluer dans le temps sans causer sa fragilisation?
Avec quels outils peut-on la stimuler ?
Emotions, performance, écosystème
Dans un ouvrage collectif dirigé par Jean luc Moriceau et Richard Soparnot, paru en 2019 sur la recherche qualitative en sciences de gestion, les chercheurs invitent les doctorants ou étudiants à créer eux-mêmes leurs méthodes de recherche afin de produire une connaissance plus pertinente plus proche de la réalité Pour ce faire, ils préconisent d’explorer : sa propre expérience, ses représentations, les affects, les œuvres, les discours, l’inconscient, les conditions de production voire même l’invisible à travers les différents chapitres de la première partie. Nous avons choisi d’expérimenter leurs propositions dans cette nouvelle édition avec le chapitre consacré aux affects car il permet d’expliquer autrement que par des raisons économiques ou financières, une bifurcation de carrière, de trajectoire ou encore un parcours atypique dans sa globalité.
Dans cette traversée, nous allons découvrir un nouveau concept souvent mobilisé par les chercheurs en sciences sociales surtout dans la littérature anglosaxonne : les affects. A travers un chapitre dédié à ce concept, Jean luc Moriceau dans son ouvrage consacré aux recherches qualitatives en sciences sociales paru en 2019 nous livre sa lecture de ce concept.
Pour commencer , comment pouvons-nous le définir ? Plutôt qu’une définition traditionnelle, il a préféré l’interpréter comme la manière de vivre l’expérience. Il peut s’agir d’une expérience d’enquête, une expérience esthétique ou encore une expérience de vie. L’expérience nécessite qu’on l’aborde autrement que par la raison ou l’intelligence pure. Les chercheurs préconisent que nous l’approchions en tant qu’hommes, êtres humains. Que nous nous laissions toucher favorablement ou négativement et commencer ensuite notre quête de sens à partir de ces ressentis, perceptions. Il faudrait selon eux se laisser guider par les évènements et les situations ou phénomènes qui nous touchent en tant qu’individus d’une façon ou d’une autre. Si Moriceau (2019) présente les différentes possibilités qu’offrent ce concept : se laisser toucher, se laisser contaminé, approcher l’expérience, il aborde également la question de la réflexivité politique ou éthique que nous pouvons en faire à travers des exemples originaux. Il parle également du style d’écriture même qui permet de conter ces affects. Bien que ces propositions soient légitimes, nous argumentons le fait que les affects qui contaminent ne se trouvent pas uniquement dans les traditions, les cultures, les performances artistiques musicales qui emportent des foules comme durant les concerts. La contamination peut être vécue dans d’autres univers de haute performance, des univers qui réunissent des équipes pour réaliser des opérations comme les explorateurs ou les militaires ou encore les brigades dans les grands restaurants étoilés.
Ainsi dans leur ouvrage consacré à « l’art de la performance » sorti en 2021, Jérôme Brisebourg, Christophe Hannezo et Thierry Picq présentent des univers qui produisent constamment de la performance. Ces auteurs insistent sur la force du mental, la préparation physique, la stratégie, la créativité. Nous suggérons dans cette capsule que l’élément qui produit le lien entre tous ces critères se nomme « affects ». En effet, la contamination possible à travers les sensations, les perceptions, les ressentis qu’offrent les équipes dans lesquelles évoluent ces « hauts performers » tiennent également une grande importance dans la mesure ou les environnements peuvent être ou non capacitants selon le chercheur Ibrahima Fall dans une interview donnée sur la chaine Xerfi Canal dans l’émission « fenêtres ouvertes sur la gestion » de Jean Philippe Denis.
Si l’environnement peut ou non un être considéré comme un lieu propice à la productivité ou à la performance, il peut être également le lieu qui « contamine » à une cause, à un projet sociétal, à une œuvre caritative. En effet, cette influence par les affects, par le ressenti de la personne qui vit l’expérience peut se produire sur des individus en contact avec des groupes de réflexion partageant des idées politiquement correctes ou non sur une longue période. Nous pensons ici aux partis politiques ou à des causes comme l’écologie, le climat, la justice sociale. L’adhésion ne peut se faire qu’à travers une contamination et une influence acquise dans un vase clos auprès de personnes sachant communiquer leurs propres affects concernant le travail et les missions qui leur incombent.
Cette influence peut se voir dans le cas de la guerre qui sévit actuellement en Ukraine avec la Russie. En effet, les dirigeants de ce pays ont réussi à rallier leurs citoyens à entrer dans une économie de guerre, à travailler ensemble pour la victoire chacun à son niveau. C’est ainsi que nous les voyons résister depuis près d’une année alors que tous les spécialistes des opérations militaires les voyaient vaincus en quelques semaines.
Aussi, pour revenir au management, il est utile de rappeler que des associations professionnelles permettent l’échange et le partage des bonnes pratiques concernant les activités de gestion. Néanmoins, si le partage des pratiques demeure un acte qui se retrouve dans toutes ces structures, l’effet de mimétisme qui peut se propager est moins naturel. En effet, il ne suffit pas de se trouver à un endroit pour se mettre à faire comme ceux qui y sont, il faut un esprit de groupe et d’équipe pour nous conduire à nous comporter de la sorte.
En ce sens, n’est-il pas possible de considérer ces affects contaminants tout simplement comme l’élément qui vient souder l’esprit d’équipe et de cohésion dans ces structures qui présentent une harmonie au niveau des comportements organisationnels ? En effet dans la thèse consacrée au business model en entrepreneuriat féminin, nous pouvons constater qu’il est relevé un certain mimétisme au niveau des comportements de ces entrepreneurs qui sont ou deviennent mères au moment de leur première maternité ou pendant la période préscolaire de leurs enfants. Pour survivre, elles se regroupent au sein de cette association et rassemblent fréquemment pour s’entraider, se partager les bonnes pratiques et se former en recevant des experts invités (Laclé, 2020).
Qu’est ce qui permet ce mimétisme ? qu’est ce qui fait qu’à un moment donné, une entrepreneure et mère va vouloir adhérer et rester et qu’est ce qui va emmener une autre à s’en aller et chercher un autre groupe ? Si nous prenons au pied de la lettre, la description qui nous est proposée des affects, ne pourrions-nous pas avancer l’idée selon laquelle : l’affect de contagion et donc d’adhésion n’a pas peut-être pas opéré ? Dans ces conditions, le concept des affects (Moriceau, 2019) ne devrait -il pas davantage nous éclairer pour les opérations de team building ? Pour l’intégration des nouvelles recrues en entreprises ?
Pour l’adhésion à des projets sensibles qui peinent à constituer une équipe ? Pout tout nouveau départ dans la vie ? Autant de situations qui mettent l’individu au centre de l’expérience dont les réactions ne proviennent pas uniquement de la rationalité, de la raison, du calcul économique, de l’objectivité pure mais également de la subjectivité, du relationnel, des affects, de la cohésion d’ensemble, de la capacité à faire bloc ensemble.
Pragmatisme, abduction et spécificité
Toute création de savoirs reposant sur un fondement épistémologique et philosophique, nous proposons d’inscrire le contenu de ce concept « or en pépites » au pragmatisme. Il se distingue des courants de pensée positiviste qui se base essentiellement sur les données chiffrées, constructiviste qui postule du fait que la connaissance est créé et n’existe pas en tant que telle. La philosophie pragmatiste en sciences de gestion nous permet de proposer une connaissance active à visée transformatrice. Ce qui signifie que nous partons du réel, du terrain, des organisations avec une problématique naissante qui sera élucidée à la lumière des concepts scientifiques afin de proposer une amélioration du savoir pratique ou encore une hypothèse créatrice qui sera actionnable sur le terrain.
L’intérêt de ce type de production repose sur le fait de chercher à découvrir des réalités qui se cachent derrière des phénomènes méconnus, inconnus, émergents afin d’étayer la littérature scientifique et en même temps les pratiques des professionnels.
Concernant les phénomènes émergents sur lesquels nous nous penchons dans ce cabinet de conseils, il s’agit essentiellement de proposer des pistes d’explorations futures pour les organisations ou entités désirant pratiquer une certaine ambidextrie organisationnelle à savoir l’exploration d’opportunités nouvelles d’un côté et l’exploitation d’activités existantes de l’autre. Nous proposons de fournir des outils et concepts susceptibles d’accompagner cette exploration afin d’anticiper les aléas et changements du marché auxquels sont confrontés fréquemment les entreprises. Il s’agit de mettre au service des organisations une méthode de travail qui a été éprouvé par les scientifiques pour les phénomènes émergents dans divers domaines d’activités.
Le pragmatisme tire ses origines des travaux de chercheurs américains : Peierce, James et Dewey. Il a été repris sur le continent Européen par Husserl, Simmel et Bergson. En France, il existe d’éminents chercheurs qui le mobilisent fréquemment pour la recherche en management : Martinet, Lorino, Koenig. Selon Martinet, « l’épistémologie pragmatiste part de situations empiriques posant problèmes, qu’elles soient de première main ou déjà présentes, mais insuffisamment documentées, dans la littérature, procède à une « enquête scientifique » (Dewey) à la fois empirique et conceptuelle », (Martinet, 2018 ). Ainsi nous suggérons de mobiliser cette approche dans une logique d’exploration afin de dégager les pistes des développements possibles et plausibles pour l’organisation en tenant compte de son contexte, de ses ressources, de son capital humain et de son marché.
Plusieurs raisonnements permettent de réaliser ces recherches : la déduction, l’induction, l’abduction. Bien que la déduction qui permet de tester une hypothèse en partant de la théorie et l’induction qui elle prend son départ du terrain pour ensuite proposer une théorie, nous choisissons l’abduction qui correspond davantage au pragmatisme qui a été retenu. En effet, l’abduction suit une logique d’indices ( Morelli, 1874 ; 1876) partant de la problématique organisationnelle d’exploration liée au développement avec à la clé, un saut créatif (Mintzberg, 1979) permettant la transformation réelle sur le terrain. Ce raisonnement a été développé en France par Gerard Koenig (1993) qui considère la démarche abductive comme logique et scientifique dans la mesure où elle permet d’appréhender des phénomènes nouveaux et à dégager des régularités et une connaissance certaine. Elle peut être comparable à celle qui est mobilisée par les médecins pour établir un diagnostic médical (Freud) ou par la police réelle ( Bertillon) et fictive ( Holmes ) ainsi que le déclare Le Goff ( 2012) dans son article intitulé les fondations du pragmatisme paru dans l’ouvrage sur les inspirateurs des théories des organisations dirigé par Olivier Germain.
Pour illustrer ce raisonnement, nous relatons le cheminement de recherche doctorale de travaux de recherche doctorale concernant le business model en entrepreneuriat féminin. Il se décompose en plusieurs étapes : la problématique du terrain, l’exploration théorique de la littérature, le saut créatif, la confrontation au réel. Une création d’entreprise ou une création de marché pouvant être assimilées à un test d’hypothèses sur le marché, nous proposons d’illustrer ce raisonnement par notre recherche.
Pour commencer, l’auteur de la thèse était d’abord en activité entrepreneuriale durant quelques années, se trouvant dans une situation liée à des contraintes de temps et de ressources, elle se rendit compte que la planification qui avait été effectuée au départ n’était pas adaptée à sa situation personnelle pour mener correctement son projet. Elle choisit à la fin de son expérience entrepreneuriale d’aller à la rencontre d’autres personnes dans sa situation en mobilisant une méthodologie de recherche scientifique devant être défendu devant des experts de la recherche dans ce domaine afin de proposer une connaissance qui sera utile à d’autres.
Pour commencer, elle s’inscrit au conservatoire national des arts et métiers comme auditrice. En écoutant les autres candidats présenter leurs travaux de recherche pendant plusieurs mois, elle commence à appréhender la littérature mais dans le tâtonnement pouvant être en lien avec sa situation. Une fois le projet écrit et les remarques recueillies, elle trouva alors un encadrant prêt à la suivre. L’exploration de la littérature scientifique qui lui était inconnue jusqu’à alors a été la partie la plus laborieuse car il a fallu effectuer des va et viens suite aux premiers contacts avec le terrain et les retours des professionnels de la recherche.
Le saut créatif se produisit au bout de deux années de recherche et de lecture et après une participation à un congrès international qui lui permirent de mieux centrer son travail. Il a fallu prendre la littérature qui produisait un savoir générique et la coupler avec les caractéristiques du terrain d’observation qu’elle avait choisi pour obtenir une grille de lecture adaptée à ce type d’entrepreneuriat. Une fois la grille obtenue, il y a eu l’étape de la confrontation avec les données empiriques et les observations effectuées sur le terrain. Bien qu’elle ait choisi environ une dizaine de personnes du fait de la nature qualitative de son travail, la grille de lecture ne s’est pas avérée erronée dans la mesure où elle avait été construite à partir de travaux scientifiques sérieux et reconnus. Elle partait sur l’hypothèse personnelle selon laquelle : si les travaux publiés étaient sérieux et rigoureux comme se targuent à le dire très souvent les chercheurs, alors la grille proposée ne pouvait pas être inadaptée. C’est le pari qu’elle a pris dès le départ en choisissant la science comme moyen d’investigation et cette méthode comme outil de fabrication de la connaissance spécifique.
En effet, nous partons du principe que la connaissance spécifique ne peut se fabriquer qu’à partir d’une connaissance générique et que sa pertinence provient des données et sources de collectes d’informations recueillies sans oublier le sérieux et la disponibilité de la personne qui réalise le travail d’exploration.
Pour illustrer d’autres voies possibles, nous vous présentons dans les éléments à suivre un éclairage théorique sur l’abduction et le pragmatisme et un témoignage de recherche similaire au cas présenté dans cette newsletter.
Informer, Impacter « Astroturfer »
L’ère des technologies de l’information et du numérique ont donné une nouvelle dimension au renseignement économique. En effet les données de masse récoltées, les algorithmes rendent difficile le traitement de ces mêmes informations à des fins purement stratégiques et économiques. Face aux enjeux de concurrence internationale, de leadership et de pérennité, il est souhaitable de s’interroger sur la nécessité de rendre ou produire de l’information intelligente. En effet, la justesse de l’information au moment opportun devient un atout pour les organisations qui savent en proposer. Mais comment est-il possible de proposer une information intelligente alors que des informations diverses et de différentes disciplines se superposent tous les jours dans nos fils d’actualité ? Nous suggérons quelques pistes dans cette newsletter.
Bien que selon Klen (1993), « la notion de renseignement doit aller bien au-delà de celle d’information » et que celle-ci doit se stocker dans un premier temps puis exploité pour devenir ce qu’ils appellent « renseignement ». De même, bien que pour d’autres elle ne devient renseignement que si elle est transformée à des fins d’exploitation future (Lacoste cité par Beau, 1997), nous proposons d’investiguer une étape intermédiaire qui est celle de la connaissance spécifique telle que proposée dans cette bulle de sensibilisation. Cette connaissance spécifique qui peut être aussi qualifiée d’information intelligente peut s’obtenir dans un acte de création volontaire afin de produire un effet particulier sur une population donnée à un moment donné.
L’information intelligente devient alors un outil pour tenter d’impacter, sensibiliser sur un phénomène donné qui passe en dessous des radars et qui n’a pas encore atteint son plein potentiel. Il n’est pas dans nos intentions de dire pour quelle raison il faudrait tenter de sensibiliser ou d’impacter mais uniquement de montrer que cela est faisable. Pour créer cette information dite « intelligente », nous postulons du fait que l’ « astroturfing » peut être mobilisée comme technique, méthode, stratégie de création.
Pour commencer l’astroturfing tire ses sources des pratiques politiques américaines qui se définit de la manière suivante selon Justine Lalande, doctorante au département communication de l’université du Québec : « Il s’agit d’une tactique qui consiste à usurper des mouvements citoyens afin de soutenir des intérêts particuliers. Outil de désinformation, de lobbying, mais aussi de relations publiques, l’astroturfing englobe un ensemble de stratégies de communication. On viendra ainsi masquer les commanditaires d’un message ou d’une organisation pour faire croire qu’il provient des citoyens ».
Elle a été utilisée à de multiples reprises dans des pays comme les Etats unis, le Japon, la Corée du sud, le Maroc et est enseignée dans les instituts d’études politiques en France.
Son utilisation a été jusqu’à présent accompagnée d’une connotation négative tant l’effet de manipulation et les pratiques de désinformation étaient flagrantes. Nous proposons quant à nous de le considérer dans certains cas non politiques comme une technique et non comme une tactique. A l’heure du marketing de 3.0 et des technologies de l’information, l’encouragement, l’empowerment, ainsi que des valeurs dites positives comme l’authenticité, la coopération, l’autonomisation, la responsabilisation personnelle et collective peuvent également être prônées à travers de telles pratiques.
Ainsi à travers la méthode des récits de vie sur l’histoire de la création d’entreprises de femmes qui sont à la fois « maman » et « entrepreneurs » mobilisée dans une thèse de doctorat soutenue à l’université Paris Saclay sur le business model en entrepreneuriat féminin, l’auteur met en lumière un phénomène qui touche davantage de personnes que la population qu’elle a choisi d’interroger. En effet, l’harmonisation des temps de vie ne concerne pas que les mères et entrepreneurs mais tout individu qui dispose de peu de temps et peu de ressources pour mener à bien plusieurs projets. De même, dans le cadre communautaire, une chaine de télévision privée nommée AR a vu le jour après que le créateur ait été abonné une page privée disponible sur le réseau social Meta qui s’était donnée pour mission à but non lucratif de valoriser l’entrepreneuriat afrocarribéen, les parcours originaux et le genre. Dans ces deux cas, cette pratique a été transformée en technique d’empowerment pour produire une information intelligente à des fins de sensibilisation et de prise de conscience politique. L’impact dans les deux cas, n’est pas toujours conforme aux attentes cependant, nous suggérons d’explorer d’autres pistes qui pourraient rendre cette technique plus utile pour certains groupes sociaux.
Culture, émotions, formation
Les organisations misent de plus en plus sur les formations certifiantes ou diplômantes pour tenter de fidéliser leurs meilleurs éléments en les faisant évoluer tant sur le plan des compétences que sur le plan hiérarchique. Les pratiques de fidélisation de ressources humaines diffèrent en fonction des secteurs d’activité de ces dites entreprises donc de la culture d’entreprise en vigueur. Il semble même que l’efficacité des pratiques de fidélisation de ces organisations soit due à des cultures d’entreprises fortes (Peters et Waterman, 1983).
La culture d’entreprise est considérée par Schein (1985) comme un « modèle de valeurs de base qu’un groupe donné a découvert, inventé ou développé, en apprenant à résoudre ses problèmes d’adaptation et d’intégration interne, qui ont été suffisamment éprouvés pour être considérés comme valides et donc être enseignés aux nouveaux membres comme étant la manière juste de percevoir, de penser et de réagir face à des problèmes similaires ». Il distingue par la même occasion trois niveaux de culture. Celui qui se situe au niveau des représentations et qui sont tangibles en premier. Viennent ensuite les représentations qui sont liées aux normes de comportement, au conscient visible qui se regroupent sous le terme de valeurs. Le troisième niveau fait référence à l’inconscient invisible comme les croyances, les tabous etc. Le premier niveau étant facilement identifiable à travers le code vestimentaire, l’environnement de ou encore les horaires de travail ; et le troisième invisible car nécessite un temps long dans ladite entreprise, nous nous focalisons sur le deuxième niveau que constituent les valeurs de l’entreprise. Les valeurs de l’entreprise participent à la mise en structure de l’entreprise selon Thévenet (2015) et elles rassemblent également trois niveaux : les valeurs déclarées qui font référence aux rapports d’activité ou support de communication ; les valeurs apparentes qui rappellent les modèles ou héros présentés dans les discours officiels ; et les valeurs opérationnelles qui elles servent de boussole pour résoudre des problèmes rencontrés. Ce sont en réalité des procédures, des process. Dans le cas de cette réflexion, nous choisissons les valeurs opérationnelles car elles sont transférables d’une entreprise à l’autre et transmissibles d’une personne à l’autre.
Il faut rappeler que selon Wellhoff (2010) cinq critères doivent être présents pour évoquer la notion de valeurs : elle doit (1) proposer une définition explicite, (2) s’inscrire dans un champ d’application, (3) pouvoir susciter l’indignation, (4) être universelle, (5) se traduire en actes.
Pour revenir à l’efficacité des pratiques de fidélisation, nous avançons l’hypothèse selon laquelle, le travail des émotions des employés peut servir de catalyseur. En effet, selon Freud, les émotions ont permettent de comprendre une expérience, une situation (Hochschild, 1983).
Les chercheurs en neurosciences Bear, Connors et Paradiso (2016) distinguent deux notions : l’expérience émotionnelle et l’expression émotionnelle. Si l’on considère l’expérience émotionnelle, il est possible de dire que l’émotion diffère la réception de la réponse à une situation donnée. (Sander et al., 2005, p 318). L’expression émotionnelle, elle, peut être considérée comme un moyen de partager avec autrui de l’information sur son état émotionnel. Il s’agirait de patterns, de régulation et d’une manifestation d’émotions culturellement variables appelées “règles spécifiques d’émission“ (Westen, 2000, p 626).
En fin de compte, l’émotion qui permet de s’adapter est décrite par certains auteurs comme un équilibre entre une assimilation et une accommodation que subit la structure (Piaget, 1937 ; Varela, 1989). La gestion des émotions tire ses origines des mécanismes suivants : la perception, l’attention, la mémoire, l’évaluation, la décision et le comportement. D’un point de vue conceptuel, le traitement des émotions va de pair avec l’activation de la mémoire. Leur gestion se produit alors de manière consciente, à des degrés variant entre les individus.
La mémoire agit sur les perceptions et évaluations par les ancrages émotionnels et les connaissances acquises (Lecerf-Thomas, 2012). La mémoire à long terme permet la reconnaissance des objets, des personnes, des lieux, des situations.
Pour ce qui touche à la mémoire des émotions liées aux situations dans une organisation apprenante, nous pouvons évoquer le fait que le partage d’expériences professionnelles intergénérationnelles, entre pairs dans le monde de la recherche universitaire par exemple, positionne les chercheurs expérimentés dans un rôle particulier. Celui-ci amène à une proximité émotionnelle dans un objectif de transmissions de valeurs opérationnelles et de savoir-faire non officiels qui participent d’une spécificité de la recherche française. Elle peut également être considérée comme un processus d’acculturation et d’acquisition de compétences transversales transférables dans d’autres domaines d’activités. Ainsi lorsque les chercheurs adoptent une approche critique humaniste de la recherche, ils nous donnent à voir ou à comprendre le cheminement qui leur a permis d’aboutir aux résultats qu’ils ont trouvé. Ce chemin peut prendre de multiples formes en fonction des sensibilités individuelles.
Mis à part une acculturation à un monde professionnel inconnu, cette approche critique peut également amener l’apprenant, le doctorant par exemple à se forger une identité de « chercheur » capable de remettre en cause modestement et avec quelques précautions, les savoirs et théories inculqués d’une manière magistrale et dogmatique qui lui semblent inappropriés pour sa propre trajectoire. Cependant, le fait même de montrer des « pères » « mères » dans la recherche : dans le doute, dans la vulnérabilité, face à leurs questionnements diverses, peut être un frein au suivisme qui est nécessaire à toute personne qui débute dans un domaine d’activité aussi exigeant que la recherche scientifique. Ce qui suppose de la part des apprenants une dose de prudence, d’humilité afin de ne pas considérer une expression d’émotions à travers un exercice d’intégrité momentané, comme un appel à transgresser les règles de courtoisie et de retenue indispensables pour pérenniser les acquis.
De son côté, la mémoire influence directement les perceptions et évaluations par les ancrages émotionnels et les connaissances acquises (Lecerf-Thomas, 2012). La mémoire à long terme permet la reconnaissance des objets, des personnes, des lieux, des situations et donc notamment des signaux et codes sociaux utilisés dans les relations interpersonnelles. Elle permet aussi d’inscrire dans des contextes perçus, les émotions ressenties lors des apprentissages, les savoir-faire, les automatismes.
La mémoire des émotions peut être mobilisée dans différentes situations professionnelles en narrant d’un point de vue humain et non purement technique ou cognitive une expérience insolite et ainsi permettre aux auditeurs de se créer à leur tour une expérience émotionnelle. Elle peut servir également à transmettre une connaissance d’ordre affective et psychosociale dans la cadre du travail sans perdre sa crédibilité d’expert. La mémoire des émotions peut permettre d’améliorer la gestion émotionnelle dans un contexte de haute technicité à postériori.
Elle amène enfin une expression des émotions qui peuvent être considérés comme un matériau empirique dans le cadre d’une recherche qualitative sur des thématiques ou des sujets ou peu d’écrits ont été produits.
Entrepreneuriat, Business Model, Genre
Certains phénomènes de société prennent de plus en plus de place ces dernières années grâce à l’internet et à la massification de l’information. Nous pouvons citer le cas des slashers, celui des activistes ou encore celui des blogueurs qui gagnent essentiellement leur vie à travers leurs différentes activités du moins, c’est ce qu’ils déclarent.
Etant donné le caractère commercial de ces pratiques, il est possible de les considérer comme des phénomènes entrepreneuriaux émergents (Hernandez, 2008). En effet, si ces rôles ont toujours existé, le fait de les transformer en organisations à but lucratif, est dû aux nouvelles technologies qui permettent de briser les frontières, réduire les distances et gagner du temps dans l’acquisition de clients ou de prospects.
Nous rappelons que les slashers sont des personnes qui exercent plusieurs métiers en même temps pour rassembler un salaire qui offre un niveau de vie digne. De même, les activistes défendent une cause sociétale qui leur donne un revenu. Quant aux blogueurs, ils proposent du contenu spécifique à une expertise qu’ils possèdent via le net et en tirent également une source de profits.
Si l’entrepreneuriat est une capacité à identifier et à exploiter une opportunité avec pour objectif le gain d’argent ou le bénéfice, nous proposons de regarder les modèles d’affaires de ces dits phénomènes émergents entrepreneuriaux afin d’extraire la particularité propre à chaque activité ainsi que le fonctionnement général et commun qui les amène à ce résultat.
Pour ce faire, nous pouvons mobiliser les modèles d’affaires génériques mais pouvant aussi être considérés comme spécifiques lorsqu’ils sont confrontés à des contextes et environnements non connus. C’est ainsi que la proposition de grille de lecture générique et spécifique CCERE (Laclé, 2020) rend compte de la manière dont certaines femmes entrepreneurs s’y prennent pour faire survivre leurs activités durant les périodes les plus difficiles notamment les trois premières années lorsqu’il faut se créer un marché. Les composantes qui la constituent sont les suivantes : le capital humain et financier, la connaissance générale puis spécifique, l’entrepreneure elle-même avec ses casquettes de mère et d’entrepreneure, et enfin l’entreprise créée.
Elle a été élaborée à partir du modèle de business model RCOV (Demil et Lecocq, 2013) pour comprendre le développement d’activités de femmes et entrepreneurs disposant de peu de ressources et de peu de temps du fait de leur rôle de mère d’enfants en période préscolaire au moment de la création d’activité (d’Andria et Richomme-Huet, 2013).
Le business model donne les outils pour concevoir et présenter la façon dont une organisation va créer de la valeur pour ses clients (Lecoq et al. 2006).
Celui -ci dispose de plusieurs composantes à l’instar du modèle RCOV dont le sigle est mis pour : ressources, compétences, organisation interne et externe, et enfin création de valeur pour le v. Selon les auteurs le business model peut être dynamique ou statique (Baden-Fuller et Mangematin, 2015) voire les deux, multi-niveau ( Huarng, 2014). Il peut aussi posséder une dimension processuelle (Baden -Fuller et Mangematin, 2015). Il est souvent assimilé à la stratégie dans plusieurs travaux (Denis, 2014), cependant Markides (2015) recommande de lui donner son propre territoire intellectuel. C’est ce postulat que nous avons choisi d’adopter en allant regarder le comportement entrepreneurial de ces entrepreneurs en situation de maternité ou maternalité avec peu de moyens financiers au départ pour la plupart. De ce fait, nous avons considéré le business model comme la déclinaison de la stratégie en actions.
Si le modèle CCERE (Laclé, 2020) a contribué à montrer une excellence opérationnelle, une performance globale et la construction d’un capital humain compétent, nous proposons d’étendre l’exploration à d’autres phénomènes dont les motivations pour entreprendre sont différentes enfin de connaitre la plasticité ou l’élasticité du modèle CCERE compte tenu de sa nature dynamique, évolutive et processuelle. Pour le dire autrement, nous avons voulu faire comprendre que ces entrepreneurs durant le processus de création d’activité (du moins les premières années) excellaient le plus dans la mise en œuvre des compétences acquises au fur et à mesure du développement de leurs activités pour maintenir ces activités en vie réalisant ainsi une performance autre que financière. Une performance que nous avons considéré comme « performance globale » compte tenu de leurs contraintes de temps et de moyens financiers.
Les motivations pour entreprendre tiennent pour beaucoup dans la compréhension de ces comportements de parcours entrepreneurial. Les auteurs Françaises d’Andria et Gabarret (2016) présentent trois idéaux types de motivation entrepreneuriale en entrepreneuriat féminin : celui de l’entrepreneuriat par nécessité présent souvent dans les pays en voie de développement, celui de la transition de carrière observé dans les pays industrialisés, et enfin celui de la conciliation des temps de vie au moment de la maternité comme ce fut le cas pour notre recherche.
Ainsi, il sera possible de mieux connaitre d’autres phénomènes, par exemple dans un pays en voie de développement avec un entrepreneuriat de nécessité, peu mobilisé par la recherche académique comme celui des « Nana Benz » en Afrique de l’Ouest.
Il s’agit d’un phénomène qui s’est manifesté depuis les années quatre-vingt jusqu’à nos jours au Togo, pays situé sur la côte Ouest africaine dans lequel des femmes commerçantes et revendeuses de tissus Hollandais appelé le « wax » ont été vues comme des millionnaires pouvant s’offrir des voitures de luxe de la célèbre marque allemande, réalisant ainsi la performance financière qui n’a pas encore été significative dans notre recherche.
Ainsi, il sera alors possible de voir une autre combinaison de ressources à disposition permettant une performance financière ou alors une autre forme d’excellence opérationnelle en entrepreneuriat féminin dans un contexte géographique et culturel différents.
Pour poursuivre l’illustration de ce travail doctoral (Laclé, 2020), nous vous invitons à regarder les autres rubriques de notre application « Or en pépites ». Nous proposons plusieurs interprétations possibles de l’excellence opérationnelle à travers la vidéo et le podcast.
Processus d’apprentissage, bricolage, ethnographie
Nous avons coutume d’entendre qu’il ne faut pas séparer un chercheur de la connaissance qu’il a produite. De même, le processus de construction de la connaissance ne peut non plus être totalement compris sans la prise en compte des motivations, des ressources, de l’environnement qui permet de la créer. Nous allons nous intéresser dans cette billet de réflexion à l’environnement qui nous a permis de créer notre recherche doctorale. Nous avons été en immersion dans une université d’abord dans une unité de recherche pendant trois années consécutives avant de faire un arrêt réflexif. Nous sommes ensuite revenus pour deux années supplémentaires pour la partie pédagogique en donnant des cours à l’université en tant qu’ attachée temporaire d’enseignement recherche (Ater) à temps partiel dans un premier temps puis en tant que chargée de cours vacataire dans un deuxième temps. Cette partie en revanche a bien été financée puisque salariée bien que notre travail de thèse était pratiquement achevée.
Dans cette billet, nous allons davantage nous focaliser sur les trois premières années dans l’unité de recherche pour essayer de comprendre notre processus d’apprentissage. Si nous considérons notre situation interne et personnelle, nous partons avec deux « handicaps » majeurs pour un thésard. Il s’agit d’abord du manque de financement externe de la recherche et du temps alloué à ce travail compte tenu de la situation personnelle et nous ajoutons un déficit de culture scientifique dans notre domaine de travail puisque nous avions quitté les bancs de l’université plusieurs années auparavant et avions fait un temps assez long dans le monde professionnel et pratique. Cependant notre motivation à vouloir construire un projet de reconversion professionnelle à travers la formation par la recherche par l’acquisition de compétences spécifiques et une expertise solide ainsi que la volonté des autorités institutionnelles de permettre la production de cette typologie de connaissance nous a permis de poursuivre ce projet.
Nous avons commencé par planifier notre processus d’acquisition de compétences en essayant de résoudre les problèmes causés par les freins qui ont été cités précédemment. Ainsi nous avons comblé notre retard de lecture en participant aux séminaires proposés, en prenant les références indispensables à lire et surtout les auteurs incontournables et les classiques en épistémologie et méthodologie comme Eisenhardt, Gartner, Kalika, Latour, Martinet, Pesqueux, Yin. Ceux qui me concernaient directement dans le champ du management stratégique et en entrepreneuriat, les auteurs de la Katz Business School, Hernandez, Demil, Lecocq, Verstraete.
Pour les auteurs en entrepreneuriat féminin, j’ai d’abord lu les dernières thèses comme celles de Ballereau puis Lebègue afin d’aller chercher les auteurs anglosaxonnes incontournables. C’est ainsi que j’ai pu lire Ahl, Brush, De Brun, Welter, le Loarne en France etc. Nous devons préciser que les premiers travaux lus sont ceux de d’Andria et Richomme-Huet présentant le mampreneuriat en contexte francophone. Tous ces auteurs avaient été lus avant de véritablement commencer notre travail et même d’écrire le projet de thèse.
De même, les séminaires que ce soit au conservatoire national des arts et métiers (Cnam) ou à l’école doctorale sciences de l’homme et de la société (SHS) de l’université Paris Saclay bien que j’ai été formée à l’université d’Evry, ont permis de gagner du temps et d’acquérir une connaissance moins formelle et utile pour mieux appréhender la travail en lui-même ou encore les éventuelles questions qui se posent dans ce genre de travail.
En ce qui concerne le manque de financement externe, il a été compliqué de pouvoir mener pendant trois années ce projet de recherche. Je n’aurais sans doute pas accepté de renouveler cette expérience dans les mêmes conditions bien qu’elle ait été une source d’acquisitions de connaissances dans plusieurs domaines comme la gestion du temps et la transformation des ressources à disposition. Ayant adopté une démarche entrepreneuriale, nous partions du principe que nous pouvions combler ce déficit en accomplissant nous même les tâches qui auraient dû être monnayées à une tierce personne si j’avais eu un financement ou un job d’appoint. Ce qui me permettait d’être plus proche de mon terrain de recherche puisque je faisais cette mission dans les mêmes conditions que celles qui les avaient vues débuter leurs expériences entrepreneuriales bien que tous les points ne soient pas comparables.
Ce qui a été plus problématique, a été de participer à un congrès à Dakar au Sénégal, celui de l’académie de l’entrepreneuriat et de l’innovation. Si un pourcentage des frais d’inscription au congrès a été pris en charge par notre institution, nous avons dû nous acquitter nous-mêmes des factures liées au billet d’avion et à l’hébergement. Dans la mesure où nous n’avions pas d’emploi, nous avons fait appel à l’entraide familiale pour le moyen de transport et le logement temporaire sur place. La même chose s’étant produite lors de la première année pour un atelier de travail dans la ville de Grenoble.
Ce processus de résolution de problèmes pour la création de connaissance peut s’assimiler à un celui du bricolage. En effet selon Baker et Nelson (2005) la logique du bricolage met en scène une combinaison de ressources à disposition à des fins nouvelles dans un but de création. S’il s’agit de création de connaissance nouvelle et donc d’accroissement de la connaissance générale ou de création de marché ou développement d’activité, il faut : faire avec les ressources en main, refuser les limitations de l’environnement, agir dans un but création, combiner autrement.
Si nous devions en faire une recherche ou un article, nous pourrions adopter la démarche ethnographique du fait de notre présence intensive au sein de l’unité de recherche et de l’abondante source bibliographique disponible et pouvant être consultée lorsque l’on dispose des accès nécessaires grâce à son inscription administrative. En effet, l’ethnographie est une méthode de collecte de données (Van Maanen, 2006) et une méthode de recherche qualitative permettant une présence importante du chercheur dans son environnement d’observation dans lequel il peut être une partie prenante.
Elle permettrait de prendre en compte la variété d’outils et d’éléments à disposition pour une meilleure analyse à différents niveaux. Ainsi il pourrait y avoir les ressources filmiques à travers les enregistrements de réunion de travail à distance, les séminaires qui s’étendent sur une semaine et mettent en scène plusieurs intervenants, les nombreuses contributions écrites scientifiques et également les comptes-rendus de réunions mensuelles. Il s’agirait davantage d’une auto ethnographie puisque l’expérience serait contée à la première personne, c’est-à-dire de la part de la personne qui observe et qui prend part au collectif.
Ainsi le processus de construction de la connaissance spécifique à travers la formation par la recherche pour une personne se trouvant dans les mêmes conditions de départ que des entrepreneurs ayant des contraintes de temps et de moyens financiers devant développer une activité commerciale, peut être identique si cette expérience est racontée à la première personne par le « je ». En effet pouvons-nous dissocier un chercheur de sa recherche ? Pouvons-nous lire un travail sans considérer les conditions de travail de la personne qui la produit ou la personne même qui la produit ?
Pour en savoir davantage, nous invitons à découvrir notre application « Or en pépites ».
Société, Interculturalité, Féminisme
Nos formateurs avaient coutume de nous dire que toute recherche doit être menée avec un minimum d’intégrité, c’est-à-dire effectuer une prise de recul sur la personne que nous sommes, les choix que nous faisons et les raisons qui nous poussent à les faire. Notre recherche sur l’entrepreneuriat féminin n’y faisant pas exception, nous souhaitons tenter d’expliquer dans quel courant féministe se situe nos travaux. Nous rappelons que l’influence peut être multiple et que nous devons toujours considérer le genre, la couleur de peau, l’orientation sexuelle ( Callas, 2007). Notre travail se situe dans l’approche socioconstructiviste de Alh (2006), qui considère le genre en fonction de l’impact et du contexte. Nous proposons dans cette bulle d’exploration que ces éléments qui ne peuvent s’observer seuls, soient imbriqués dans une histoire qui rend l’individu ou le chercheur unique. Cette singularité peut contribuer à expliquer les choix qu’il ou elle a effectués ou les chemins qu’il ou elle a pris.
Nous avançons l’idée selon laquelle : la place de l’individu dans la société ( Ribeiro, 2019) que lui aura donné son parcours de vie peut aider à cela. Dans notre cas, nous suggérons l’impact de l’interculturalité et du contexte social dans la construction de la femme qui a réalisé cette recherche sur d’autres femmes en entrepreneuriat. Lorsque la question nous était posée concernant l’approche féministe de nos travaux de recherche, nous avions coutume de répondre, qu’il s’agissait avant tout d’une approche entrepreneuriale même si elle est une forme de féminisme non approfondie.
Tout d’abord la place qui nous est conférée dans la société (Ribeiro, 2019) provient essentiellement de nos origines sociales et familiales bien que les mobilités de classe existent. Si nos origines culturelles importent peu en entrepreneuriat, le fait de naître dans un pays en voie de développement qui abrite de multiples formes d’entrepreneuriat au féminin informel mais également formel et déclaré, conditionne la perception que nous avons de l’autonomisation économique via la création d’activités commerciales. De plus, l’éducation rigoureuse des familles afro brésiliennes de mon époque des pays de la côte ouest africaine dont certains n’hésitent pas à envoyer leurs enfants à l’internat pour leur assurer des bonnes conditions d’apprentissage et de concentration sur l’objectif d’obtention d’un diplôme, peut participer à l’identification de l’école ou des institutions d’éducation nationale comme l’université ou l’école en général comme le meilleur moyen d’acquérir de la connaissance sérieuse et rigoureuse qui sera reconnue.
Pour continuer avec l’interculturalité, nous pensons que nous avons choisi de créer une entreprise puis d’aller faire une recherche académique pour comprendre une problématique qui avait été identifiée par les éléments cités ci-dessus. De plus, les pouvoirs publics encouragent fortement la création d’entreprise en France depuis un certain nombre d’années à travers des mesures fiscales favorables et que l’université nous apparaissait comme un lieu favorable à la production d’un travail pertinent. Par ailleurs, nous avons choisi un terrain dont les origines proviennent d’Amérique du nord, celui des mères et entrepreneurs (Cobe et Parlapiano, 2002). Elles le font pour concilier leur temps de vie et sont vues comme faisant partie des classes sociales supérieures en occident car elles bénéficient d’une situation économique stable de leur conjoint pour se lancer. Bien que cette croyance ne s’applique pas aux femmes d’Afrique subsaharienne, je n’ai pas considéré la France comme un pays reproduisant ce schéma. J’y ai plutôt vu ce mouvement comme un groupe hétérogène puisque l’association est national et qu’en fonction du secteur géographique les catégories sociales peuvent ne pas se ressembler.
Nous n’avons à aucun moment douter du caractère généralisable de notre recherche indépendamment des différences de genre, de classe sociale, d’âge etc si les individus possèdent les mêmes contraintes que celles qui ont été mobilisées dans nos travaux. A titre plus personnel, nous pensons que l’intelligence interculturelle peut et doit permettre d’aller chercher des solutions ailleurs que dans nos communautés de naissance si la situation l’exige et si la possibilité d’adaptation existe.
Pour résumer, nous avons choisi de créer une entreprise au moment de notre maternité car nous avions un contexte législatif et conjugal favorable, une habitude des pratiques entrepreneuriales prise dans notre pays d’origine avant le déménagement en France. Nous avons ensuite choisi d’aller effectuer une recherche doctorale car l’éducation familiale nous a habitués à considérer l’école au sens large comme le lieu de l’apprentissage le plus sûr.
Ayant adopté une démarche professionnelle (Berth, 2019), les questions récurrentes sur le féminisme et les questions raciales moins présentes m’avaient semblée étonnantes compte tenu de ma motivation pour créer une entreprise et plus tard pour produire de la connaissance. A présent, je peux tenter d’y apporter quelques réponses.
En tant qu’ entrepreneur auparavant, je ne me suis pas alignée complètement sur le savoir qui était disponible. En effet, ma vision qui ne me semblait pas si hors de propos que cela compte tenu du fait que j’avais moi-même déjà entrepris.
De même je partageais le point de vue d’une chercheuse américaine aussi entrepreneur qui préconisait alors d’adopter une approche entrepreneuriale pour appréhender les recherches de ce genre afin de proposer d’autres formes de connaissances (Stam, 2016) en matière de contextualisation.
En tant qu’ africaine qui a côtoyé d’autres entrepreneurs et mères dans des pays sous-développés, le fait de brouiller les frontières entre la vie privée et professionnelle mettant plutôt le style de vie choisi au centre du partage du temps, ne m’était pas étranger.
En tant que Française et francophone, mon travail fait ressortir des concepts et orientations issus de cette culture et vision de la recherche pour la plupart bien que la théorie principale provienne de chercheurs américains pour sa pertinence et la méthodologie choisie pour réaliser le travail.
En tant que femme imprégnée de valeurs humanistes et chrétiennes, ma vision de la famille et l’importance de l’ éducation des enfants surtout en période préscolaire a fortement influencé mes choix de carrière professionnelle et entrepreneuriale en axant mes objectifs davantage sur l’acquisition de compétences et la construction de relations professionnelles et extraprofessionnelles essentielles pour la compréhension de mon profil. De même, les problématiques des femmes devant être connues à partir de leurs réalités propres et singularités afin de pouvoir suggérer des mesures d’accompagnement et implications pratiques et managériales adaptées au contexte, au parcours de vie, aux compétences, au pays dans lequel vit l’entrepreneur, je me suis naturellement tournée vers celles qui partageaient le même vécu entrepreneurial que moi faisant fi de ma couleur de peau. Je pense surtout qu’il ne suffit pas de revendiquer pour avoir une identité de féministe. Cela doit aussi se voir dans nos choix.
En tant que noire, je me suis vue reprocher le fait de ne pas avoir traité une problématique tournée vers les droits civiques ou alors les problèmes structurels de l’Afrique noire subsaharienne. En ce qui me concerne, je suis davantage concernée par l’évangélisation au sens de « sensibilisation », par l’éducation, par la connaissance (Kilomba, 2008 ; 2021) de l’autre plutôt que par la confrontation directe et conflictuelle avec les hommes quels qu’ils soient ou encore avec les autres « races » bien que parfois la guerre des idées soit nécessaire.
Par ailleurs je pense fermement que les luttes contre les discriminations doivent se faire de la place que nous occupons. Je trouve qu’il est peu constructif de changer de métier pour devenir un « combattant professionnel ». Ce qui n’empêche pas que je respecte ceux qui consacrent leurs vies à cette cause.
Modèle économique, développement d’activité, effectuation
Nous évoquons depuis quelques jours un travail personnel que nous avons effectué avant de créer notre cabinet. Dans ce travail nous avons proposé une illustration de l’excellence opérationnelle présente dans les travaux de recherche de N. Laclé (2020) à travers le capital humain, les compétences génériques, spécifiques et durables. Ce travail est un projet d’ouvrage numérique.
Pour aller dans la même direction, nous souhaitons dans cette capsule de réflexion, tenter de proposer un modèle de développement basé sur les compétences comme le suggère le modèle CCERE. Il s’agit d’un modèle dynamique et évolutif qui prend en compte le capital humain et financier, les compétences et compétences spécifiques tout au long du processus de création d’activité. Ce développement qui pourrait survenir au-delà des trois ans si celui-ci était mis en place et pensé bien avant.
Si certains auteurs supposent qu’il existe une dialogique entreprise-créateur (Bruyat, 1992) ; si d’autres défendent l’idée selon laquelle il existe autant de typologies d’entreprises que de créateurs d’entreprises (Marchesnay, 2016), nous postulons du fait que le développement d’activité peuvent également se faire en fonction des capacités et compétences de l’entrepreneur. Ce qui signifie que celui qui aura créé avec peu de moyens financiers et obtenu une performance globale, pourra également faire croitre son activité par ce biais si le système qui lui a permis de survivre et repensé.
Si nous prenons pour exemple notre cabinet qui a été créé avec peu d’apports financiers, comment pourrions-nous dépasser ce seuil. Les systèmes de financements alternatifs ou indirects existent depuis longtemps et fonctionnent parfaitement avec certains modèles de revenus économiques.
Dans la mesure où nous sommes sur un marché nouveau, pouvons-nous facilement adopter les approches usitées dans d’autres cas de figure sans risquer de nous « casser la figure » ?
Les propositions que nous allons faire peuvent convenir au modèle de développement basé sur les compétences. Nous soulignons que cette approche se base sur la continuité de la logique de recombinaison créatrices de ressources à disposition à des fins nouvelles (Baker et Nelson, 2005). Les fins nouvelles dans ce cas, seraient le développement de l’activité au-delà des trois années. C’est-à-dire une fois qu’elles ont dépassé le seuil de présomption de rentabilité souvent évoqué dans les structures d’accompagnement étatiques.
Cependant, étant donné que la dimension stratégique n’a pas été significative dans notre travail initial, nous croyons que pour faire grandir ce genre d’activités, elle doit retrouver sa place dans l’élaboration et la planification des étapes ultérieures. Nous pourrions alors faire en sorte que la stratégie et le modèle économique communiquent comme le souhaitent certains auteurs (Denis, 2014). En effet la logique d’expertise accompagne la logique de planification et il serait alors possible de parler d’effectuation (Sarasvathy, 2008 ; d’Andria, 2014 ; Silberzahn, 2020). Nous précisons que l’effectuation amène à se poser trois questions principales : qui je suis ? Qui je connais ? Où je vais ? Nous sommes alors dans une logique d’effectuation, de planification, pour faire croître les compétences crées lors des premières années afin de poursuivre le développement de l’activité.
Les propositions concernant la dernière composante du modèle CCERE. Cette composante est l’entreprise créée au sens d’activité. Lorsque l’auteur évoque les partenariats, la création d’autres systèmes, les alliances pour faire grandir la structure.
Voici nos propositions :
La première consiste pour nous : à trouver une institution marraine et un client mentor qui par le biais de nos compétences et notre structure (qui leur est externe) pourraient explorer des projets collaboratifs qu’ils envisagent de promouvoir dans les années à venir sans bousculer leurs habitudes internes et ainsi continuer leurs exploitations actuelles.
La deuxième consiste pour nous à accroitre nos compétences interculturelles à travers la mise en relation d’entreprises ayant un savoir-faire à exporter avec d’autres sur des continents ayant des besoins de compétences spécifiques. La mise en relation et l’accompagnement des projets seraient alors un moyen d’augmenter nos aptitudes tout en faisant augmenter notre chiffre d’affaires.
Par ailleurs, le contenu la capacité à créer un outil pourrait devenir notre « avantage concurrentiel » afin que d’autres institutions nous achètent notre capacité à créer un outil standard et personnalisable.
En outre, dans un souci purement financier, il est possible aussi de commercialiser notre application sans son contenu et ainsi laisser certaines structures produire elles-mêmes leur connaissance spécifique en leur montrant uniquement le prototype et ce qu’ils pourraient en faire.
Economic model, business development, effectuation
For several days now, we have been talking about personal work that we carried out before creating our firm. In this work we proposed an illustration of the operational excellence present in the research work of N. Lacle (2020) through human capital, generic, specific and sustainable skills. This work is a digital book project.
To move in the same direction, in this reflection capsule we wish to try to propose a development model based on skills as suggested by the CCERE model. It is a dynamic and evolving model that takes into account human and financial capital, skills and specific skills throughout the business creation process. This development could occur beyond three years if it was put in place and thought out well before.
If some authors assume that there is a relation between a company and its creator (Bruyat, 1992); if others defend the idea according to which there are as many typologies of companies as there are creators of companies (Marchesnay, 2016), we postulate that the development of activity can also be done according to capacities and skills of the entrepreneur. Which means that those who have created with few financial means and obtained an overall performance, will also be able to grow their activity through this means if the system which allowed them to survive is redesigned.
If we take for example our firm which was created with little financial input, how could we exceed this threshold. Alternative or indirect financing systems have existed for a long time and work perfectly with certain economic income models.
To the extent that we are in a new market, can we easily adopt the approaches used in other cases without risking “breaking our faces”?
The proposals we are going to make may be suitable for the skills-based development model. We emphasize that this approach is based on the continuity of the logic of creative recombination of resources available for new purposes (Baker and Nelson, 2005). The new goals in this case would be the development of the activity beyond the three years. That is to say, once they have exceeded the threshold of presumption of profitability often mentioned in state support structures.
However, given that the strategic dimension was not significant in our initial work, we believe that to make this type of activity grow, it must find its place in the development and planning of subsequent stages. We could then ensure that the strategy and the economic model communicate as certain authors wish (Denis, 2014).
Indeed, the logic of expertise accompanies the logic of planning and it would then be possible to speak of effectuation (Sarasvathy, 2008; d’Andria, 2014, Silberzahn, 2020). We specify that effectuation leads one to ask three main questions: who am I? Who do I know? Or I’ll ? We are then in a logic of execution, of planning, to grow the skills created during the first years in order to continue the development of the activity.
Proposals concerning the last component of the CCERE model (Lacle, 2020). This component is the enterprise created in the sense of activity. When the author talks about partnerships, the creation of other systems, alliances to make the structure grow.
Here are our proposals:
The first is for us: to find a sponsor institution and a mentor client who, through our skills and our structure (which is external to them) could explore collaborative projects that they plan to promote in the years to come without disrupting their internal habits and thus continue their current exploitations.
The second is for us to increase our intercultural skills by connecting companies with know-how to export with others on continents with specific skills needs. Connecting people and supporting projects would then be a way to increase our skills while increasing our turnover.
Furthermore, content and the ability to create a tool could become our “competitive advantage” so that other institutions buy our ability to create a standard and customizable tool.
In addition, for purely financial reasons, it is also possible to market our application without its content and thus let certain structures produce their specific knowledge themselves by showing them only the prototype and what they could do with it.
Intelligence artificielle, Fiction, Constructivisme
Les dangers liés à l’essor de l’intelligence artificielle font rage dans toutes les disciplines. Des voix s’élèvent de plus en plus pour parler d’éthique, de responsabilité face au progrès technique qui menacent certains métiers si l’originalité, l’authenticité et tout ce qui participe l’individuation n’est pas mis en avant davantage que les méthodes réplicables par les machines intelligentes.
En attendant deux personnes discuter autour d’un récent scandale lié à l’intelligence artificielle, je me suis interrogée à mon tour sur les dérives de leur utilisation. Pour être concise, il s’agit d’une histoire de plagiat survenue lors de l’expérience de formation d’une candidate, qui s’est vue subtiliser son travail par un supérieur hiérarchique (nous ne savons pas de qui il s’agit puisqu’ils étaient nombreux à avoir eu accès à son travail). La victime s’est vue accuser de plagiat par les bourreaux. Alors qu’ils l’avaient plagiée avec l’aide de l’intelligence artificielle. Elle a été mise en quarantaine, exclue de toute vie sociale professionnelle le temps de l’enquête, bien que personne n’avait le droit de lui parler (ce qu’elle ignorait au départ), elle a réussi à entrer en communication un jour avec la personne qui la surveillait de près grâce à l’intelligence artificielle. Cette histoire m’ ayant laissée sur ma faim d’autant plus qu’il a été dit qu’elle avait retrouvé l’envie de travailler après ces échanges étranges, j’ai essayé d’imaginer comment leur dialogue avait bien pu se produire. Je propose un texte de fiction pour tenter de reconstituer les étapes de leur dialogue à travers un compte rendu de celui-ci, afin de comprendre comment une expérience qui aurait pu détruire cette personne a plutôt contribué à la pousser à travailler dans ce domaine qui l’avait si maltraitée. Nous précisons que « le recours à la fiction permet de dépasser le réel accessible » (Germain, 2019, p. 308). L’auteur déclare aussi que choisir la fiction peut contribuer à tenir compte des relations existantes entre la réalité et ce moyen de création de la connaissance (Germain, 2019).
Nous appellerons la victime A. dans notre texte et le surveillant X.
« A, qui est une personne attentive aux détails, aux indices se rendit compte qu’elle était épiée dans ses mouvements , ses faits et gestes sur les réseaux sociaux. Elle entreprit de donner sa version des faits sur une de ses pages personnelles prenant ses accusateurs à leur jeu. Elle se mit à publier des informations sur sa personne, son travail etc. Elle fut surprise qu’une célèbre chaine d’informations employant des chercheurs, lui réponde à travers des chroniques. Commence alors un échange déplaisant pour A. Elle se rendit compte qu’ils avaient des informations fausses sur sa vie, son parcours, sa personne, sa santé, ses opinions politiques. Au bout de quelques semaines, elle mit de l’ordre dans les informations disponibles sur les réseaux sociaux la concernant. Voyant que la situation était sur le point de lui échapper, X rentra alors en contact d’une façon plus officieuse avec A.
X. choisit de rentrer en contact avec A. via un moyen audacieux. Ayant certainement des connaissances informatiques, ou peut-être étant un geek, il avait réussi à contrôler son fil d’actualités sur la chaine YouTube lui proposant les vidéos qu’il souhaitait. Il pouvait aussi voir les recherches qu’elle faisait sur son moteur de recherche Google. Loin de s’en offusquer et ayant trouver l’occasion de comprendre ce qui se tramait, elle choisit de jouer le jeu et de correspondre via son moteur de recherche et lui répondait à travers les vidéos. Les messages se trouvaient soit dans les titres des vidéos soit à la fin. X se mit à lui poser des questions sur son parcours de formation, sa vie en France, ses habitudes, sa famille. Elle y répondit parfois avec étonnement, parfois avec agacement, souvent dans la colère. A trouva ses questions irrespectueuses, hors sujet car elle ignorait tout de la supercherie dont elle était victime. Pour détendre l’atmosphère, il se mit à proposer des anciennes vidéos de la célèbre chaine d’informations, avec le chroniqueur vedette qui proposait des interviews tous les jours. Il s’agit des vidéos du professeur Jean Philippe Denis. A. qui ne connaissait ce professeur qu’à travers ses séminaires, qui ne lui avait jamais vraiment parlé sauf à de rares occasions, se mit à découvrir ses travaux, ses points de vue de chercheur, sa sensibilité. Elle devint moins agressive et choisit de collaborer. Une fois qu’il a obtenu toutes les informations nécessaires, A fut surprise de ne pas avoir été officiellement convoquée pour enfin donner sa version des faits mais plutôt un retournement de situation en sa défaveur. Il lui a fait comprendre qu’il avait fait de longues études, qu’il ne pouvait pas tout perdre à cause de ce scandale. Elle comprit alors qu’il n’était pas un simple surveillant mais le bouc émissaire désigné en cas de problèmes. Cette déception a laissé place à la détermination de ne pas se laisser définir par autrui. Elle prit ses distances avec lui (du moins émotionnellement) et le traita désormais comme un « ennemi potentiel ». Même si le chemin était encore long pour retrouver l’identité professionnelle qui lui avait été volée. Cet échange officiel entre sa page et la chaine d’informations économiques, puis la tentative de médiation diplomatique via l’intelligence artificielle, échouée de X à l’instar d’Hector et Ulysse dans la pièce de Jean Giraudoux dans sa pièce de théâtre intitulée «la guerre de Troie n’aura pas lieu » (1935), lui a donné envie de recommencer à lire des articles de recherche, de reprendre sa thèse (alors qu’elle ne pouvait plus le faire jusqu’alors).
Mais avant tout cela, elle a écrit pour elle-même, pour le plaisir retrouvé sur : son parcours pour ensuite dans un deuxième temps en faire un projet professionnel qu’elle a fait protéger à l’aide d’un copyright afin de se mettre à l’abri d’un autre vol ».
Il s’agit d’un récit de dialogue à distance virtuel qui a duré plusieurs semaines qui s’est achevé par le relèvement d’une personne qui était à terre, qui avait malgré tout pris ce qu’il y avait à prendre de positif dans cette intrusion d’un homme qui cherchait avant tout à sauver sa carrière plutôt qu’à connaitre la vérité. Pouvons-nous dire qu’il s’agit d’une innovation pédagogique ? Aurait-il tenté cette approche s’il avait su que la médiation ne lui donnerait pas le travail volé mais permettrait plutôt à sa victime présumée de recommencer à faire ce qu’elle aime ? A-il participé à la construction de cette connaissance ? Est – ce, cela que les auteurs nomment constructivisme ? Nous rappelons que le constructivisme (Piaget, 1923 ; Lemoigne, 1995 ;2001 ;2007) est selon les épistémologues le moyen par lequel certains chercheurs construisent la réalité. Elle n’existe pas en tant que telle pour eux, elle dépend des acteurs concernés. A l’inverse, des positivistes (Allard-Poesi et Perret, 2014) qui affirment que la réalité existe en dehors des individus.
D’un point de vue éthique, cette résilience ou peut être antifragilité est-elle attribuable à X, bien qu’il ne soit venu uniquement que pour se disculper? Bien qu’il ait tourné le dos, une fois obtenu des informations facilement manipulables ? Nous laissons à chacun le soin d’apporter la réponse qui convient à sa morale à cette histoire qui n’est que fiction. Ne devons-nous pas considérer l’intelligence artificielle davantage comme un outil, une arme, une ressource tel un couteau qui peut servir à cuisiner ou à tuer, que comme un danger ? Ne faut-il pas éduquer à plus d’authenticité, d’originalité pour éviter que des machines nous copient si facilement plutôt que de compter sur l’intégrité supposée des uns et des autres ?
Pour savoir l’illustration de film que nous avons choisi pour cette chronique, n’hésitez pas à regarder notre application « Or en pépites » dont la nouvelle version sera bientôt disponible en ligne.
Affects, pouvoir, légitimité
Nous souhaitons revenir sur le contenu de la newsletter 12 qui traitait de : « intelligence artificielle, fiction, constructivisme ». A la fin, l’auteur nous invite à réfléchir à un certain nombre de questions liées à l’éthique et aux dangers de l’intelligence artificielle. Dans cette bulle d’exploration, nous souhaitons aborder la question de la réflexivité éthique selon Moriceau (2019, p. 95) qui déclare « en se laissant guider par les affects, le chercheur rencontre l’expérience de l’autre, ce qui induit souvent une interrogation éthique ».
Nous rappelons que la réflexivité éthique (Letiche et Lightfoot, 2019) constitue l’un des moyens d’explorer par les affects un évènement pour ensuite en proposer une interprétation liée à notre propre vision du monde. En dehors de la réflexivité éthique, il peut aussi y avoir une réflexivité politique, une expérimentation de l’expérience. Les affects peuvent aussi s’étudier par le contact affectif, le touché, le contaminé (dont nous avons déjà parlé dans la newsletter 4).
Avant de s’essayer à une réflexion éthique sur la proposition de fiction montrée, nous reviendrons sur les personnages de cette fiction.
Tout d’abord nous avons, un surveillant nommé X. qui semble occuper une position hiérarchique supérieure, qui semble avoir du pouvoir, des relations, des connaissances techniques. Ses actes semblent calculés, prémédités et soigneusement exécutés. Il prend même la peine d’aller chercher des vidéos d’un éminent professeur pour gagner la confiance de la personne qu’il a en face de lui. Il parait désagréable, sans scrupules puisqu’il pénètre dans la sphère privée d’une tierce personne tel un bandit de grand chemin sans y avoir été invité. Il oblige la personne à lui parler, ce qu’elle finit par faire.
Ensuite, nous avons une candidate du nom de A. qui semble subir les évènements sans comprendre ce qui lui arrive. Elle semble ne pas avoir de pouvoir, accepte l’intrusion puisque la discussion finit par se mettre en place. Elle parait naïve, inconsciente telle une « Alice au pays des merveilles » dans le film réalisé par Burton en 2010 alors qu’elle se trouve peut-être avec Gargamel, l’ogre des schtroumpfs ( Peyo, 1958) ou encore le loup du petit chaperon rouge (Les frères Grimm, 1897 ; Perrault, 1657).
Par ailleurs, nous ignorons tout des éléments de contexte. Nous ne savons pas ce qui a poussé A. a finalement accepté de lui adresser la parole. Nous ne savons pas dans quelles conditions elle a effectué son travail. Nous ne savons pas ce qui l’a motivée, nous ne savons pas non plus ce qu’elle souhaitait en faire.
Quant à lui, nous ignorons tout de sa démarche, de ce qu’il risquait s’il n’était qu’un bouc émissaire. Nous ignorons ce qui l’a poussé à accepter de participer ou non à cette machination.
Nous ne pouvons que nous baser sur le rapport au pouvoir que nous montrent ces deux individus et ce que ce rapport peut évoquer chez d’autres selon qu’ils soient en position de force donc de domination ou de faiblesse donc de dominés.
Le personnage de X. nous donne l’impression d’avoir toujours cette position de pouvoir lorsqu’il arrive. Les réactions auxquelles il ne s’attend pas de la part de son interlocutrice l’obligent à reprendre son vêtement de professeur en allant se servir d’anciennes vidéos d’un présentateur vedette d’une célèbre chaine d’informations économiques et de management.
Il s’agissait des vidéos de J. Ph. Denis. De l’autre côté, se sentant chez elle, dans son espace privé, A. n’a pas reproduit les règles tacites de soumission à un supérieur hiérarchique d’autant plus que l’individu enfreignait les lois et ses droits les plus élémentaires. Le texte nous précise qu’elle répondait avec « étonnement, agacement, colère ». Nous nous doutons qu’elle n’aurait jamais réagi de la sorte en situation professionnelle et légale, puisqu’il a été obligé d’endosser sa casquette de professeur en allant chercher les outils de ses collègues pour qu’elle redevienne « étudiante ».
D’un point de vue relationnel, nous pouvons dire que A. est soumise à un titre universitaire alors qu’elle résistait à l’homme. Puisque le sien était en danger, elle donne l’impression de considérer ces diplômes comme une idole. Elle ne retrouve sa dignité qu’au moment où elle se remet à écrire pour elle-même d’une manière plus authentique.
De l’autre côté, le personnage de X. nous fait penser à un homme désespéré qui brise les barrières, pour sauver une carrière qu’il a construite durement et qu’il n’entendait pas se laisser voler par un « scandale ». Ce personnage qui semble pathétique par sa misère humaine et son manque de compassion pour cette candidate qui avait été spoliée, montre aussi que les carrières exigeantes et longues se font parfois sur les cadavres et les carcasses de personnes « naïves », ignorant les règles du jeu et l’importance des luttes de pouvoir.
En ce qui concerne le pouvoir, nous pouvons penser qu’aucun des deux ne le détient vraiment et qu’ils sont tous les deux certainement les « victimes » d’un système acceptant peu d’erreurs de la part des débutants et aucune faiblesse pour ceux qui sont au sommet. Pourquoi le dialogue se met-il en place lorsqu’il redevient professionnel ?
Pouvons-nous imaginer qu’elle était encore dans la peau d’une élève et que cet épisode lui a donné une identité de chercheuse ? En effet Letiche et Lightfoot (2019, p.97) déclarent « une approche affective des organisations ne peut qu’affecter notre certitude de savoir ou d’avoir raison, si elle réussit, elle ne peut que nous amener à vouloir continuer de penser ».
Nous apprenons à un moment donné de leur discussion que le surveillant X. a déclaré avoir enduré beaucoup de difficultés dans sa carrière pour arriver à ce niveau et qu’il n’entendait pas laisser ce qu’il considérait comme épisode malheureux « scandale » la lui gâcher. De l’autre côté, nous comprenons que le fait de se remémorer son parcours a redonné envie à A. de reprendre (au moins de relire son travail) et d’écrire. Il y a réellement un contraste dans la vision qu’ils ont de leurs propres parcours. Il est facile d’imaginer que des diplômes prestigieux qui mènent à une carrière universitaire ont donné la sensation au bouc émissaire et surveillant qu’il avait un passe-droit naturel dans la vie y compris celui de s’introduire sans être inquiété dans la sphère privée d’une autre personne qui lui paraissait inférieure. Et pourtant A. n’a eu envie de retravailler qu’à ce moment-là. Nous imaginons que A. a certainement dû avoir un autre parcours et un processus tout aussi difficile avec certainement des apprentissages moins formels qui n’ont pas été sanctionnés par un diplôme comme son interlocuteur à chaque étape importante, s’est sentie légitime pour reprendre ce qui lui appartenait. Ne devons-nous pas considérer la légitimité comme un concept subjectif lié à un contexte, une culture, un point de vue et non une notion universelle?
Pour finir, nous revenons à l’objet de notre application qui prétend partir à la rencontre d’individus tels que A. ayant réussi à transformer des particules de pépites en « or » que nous vous invitons à suivre prochainement en ligne.
Intelligence économique, Technologie de l’information, Identification professionnelle
Nous présentons dans ce billet, le cabinet Zs Conseils°°°°°°° à travers ses activités liées à : l’intelligence économique, la prospection et enfin une technologie de l’information. Notre cabinet ayant en son sein, des membres qui ont bénéficié d’une éducation à double culture à la fois Francophone, Française puis Africaine, sa mission est de mettre en avant cette vision des choses, du marché, des acteurs afin de permettre la création de synergies, de partenariats, de collaborations plus durables avec des villes, des institutions, des organismes, des entreprises.
Pour commencer, la férocité du marché commercial international et les nombreux acteurs qui s’affrontent à différents niveaux obligent désormais les grandes entreprises, les pays, les PME à s’intéresser à l’information intelligente. Pour ce faire, ils ont recours à l’intelligence économique. Elle est considérée par certains comme une capacité à saisir les informations données par le terrain mais également l’aptitude à savoir les interpréter d’une manière pertinente afin de les transformer en avantages concurrentiels pour leur organisation, leur institution, leur pays.
Dans notre cas, nous réalisons d’abord une veille documentaire de concepts, de ressources filmiques provenant de l’actualité. Les ressources filmiques proviennent de films scientifiques, ou encore docu-fictions relatant des faits, des phénomènes économiques, sociaux ou historiques. Cette surveillance des acteurs du marché, concerne les thèmes suivants : le genre, la diversité, l’entrepreneuriat responsable et durable, les performances atypiques, l’interculturalité.
Nous sommes également en mesure d’effectuer une analyse des données récoltées à travers des concepts prédéfinis pour faire ressortir des problématiques, des leads (projets) à travers des études exploratoires dans une logique de prospection intelligente.
Nous disposons également d’une application « Or en pépites » qui a pour vocation de montrer une façon de s’approprier les informations et d’en faire une connaissance spécifique à les mettant en œuvre. Cette application est une technologie de l’information de 3.0 à destination des professionnels francophones et francophiles.
Les trois rubriques de l’application sont les suivantes : Concepts en pépites, Informations en pépites, talents en pépites.
Les concepts en pépites correspondent à des newsletters simplifiées, les informations proviennent de supports filmiques, les talents en pépites regroupent des témoignages disponibles dans un podcast.
Les newsletters de notre application montrent comment les auteurs de l’application que nous appelons également « la bulle d’exploration » s’approprient et simplifient un concept. Cette perception est ensuite illustrée à travers une ressource filmique provenant d’extraits de films, de docufictions, de documentaires, de films scientifiques. Enfin, la troisième et dernière rubrique part à la rencontre d’acteurs de la société ayant un parcours permettant d’expliquer ou de comprendre un aspect du concept présenté dans la newsletter. « Or en pépites » est une marque déposée à l’inpi dont le contenu et concept appartiennent à Nadine Laclé. Une première version avait d’abord été proposée mais elle a vite été remplacée par celle qui vous est présentée dans cette newsletter 11. De même le cabinet de conseils Zs Conseils a été créé par Nadine Laclé.
Ce cabinet provient d’une réflexion qui a mené à réaliser une thèse de doctorat en sciences de gestion dans le but d’opérer une reconversion professionnelle. A travers ce projet, je souhaite poursuivre d’autres travaux de recherche qui seront liés à cette vision du monde. Ce qui signifie, partir à la rencontre d’une majorité silencieuse de la diaspora française et africaine en France ou en Afrique qui possède à travers une combinaison de ressources internes, culturelles et professionnelles des compétences particulières ayant permis de résoudre certaines problématiques de la société. Ces problématiques touchent à l’intégration culturelle permettant l’insertion professionnelle durable, la carrière entrepreneuriale, la vision du genre et du féminisme vu sous cet angle.
Partant du principe que l’intégration structurelle existe dans la mesure où les immigrés travaillent même si le travail au noir peut être un moyen de subsistance, nous cherchons davantage à nous focaliser sur la dimension qui donne le sentiment d’appartenir à un pays d’accueil qui n’est pas celui qui nous a vu naitre. Ce lien d’appartenance qui amène à se créer des relations personnelles et extra-professionnelles souvent utiles pour l’emploi déclaré et durable. Nous cherchons à travers ce biais à voir comment l’intelligence interculturelle peut devenir une compétence d’intégration sociale permettant l’accès à l’emploi.
De même, nous souhaitons comprendre les trajectoires des entreprises immigrées, leur processus de survie et de croissance. Si, les histoires de créations d’entreprises immigrées sont pléthoriques, leurs évolutions, leurs transformations, leurs capacités à générer du profit ou à créer des emplois et à être revendues restent moins nombreuses.
Pour finir, nous sommes aussi intéressés par la vision du féminisme au regard de ces problématiques interculturelles et professionnelles. Nous aspirons à approfondir ce pan de la recherche en mettant en lumière un point de vue moins interrogé et souvent mis de façon inconsciente dans le lot des voix existantes par les auteurs.
Pour en savoir davantage, nous vous invitons à consulter notre application « or en pépites » bientôt disponible en ligne.
Proposition de valeur, communication responsable, partenariat
Dans la newsletter 14, nous avons émis plusieurs propositions pour développer notre activité de conseils. Nous allons essayer d’expliquer succinctement la proposition de valeur de chaque suggestion dans les prochaines publication. Nous commençons par cette bulle d’exploration.
Etant donné qu’il s’agit de business model (modèle économique), nous pensons qu’il est important de préciser notre proposition de valeur pour chaque projet. Nous rappelons que le business model est le moyen par lequel l’entreprise produit de la valeur pour ensuite en récupérer la rémunération. Nous entendons aborder la question de la valeur partenariale sous l’angle de l’interculturalité.
Récemment, nous avons évoqué le modèle de création de compétences pour créer de la valeur d’un point de vue dynamique et évolution au cours d’un processus (Lacle, 2020), et fait des suggestions de partenariats potentiels avec notre cabinet de conseils mais nous n’avons pas souligné ce que nous pouvions apporter à nos partenaires sur le long terme. Nous allons nous attarder sur l’aspect interculturel de certaines structures afin de montrer en quoi nous pouvons aider à explorer les possibilités futures de développement.
Pour commencer, si la question nous était posée de savoir ce que nous pouvons donner à un client potentiel dans ce domaine dans un environnement francophone par exemple, nous pourrions répondre en plusieurs étapes : la valeur du doctorat, la capacité à savoir cibler les personnes détentrices de l’information que nous visons, à créer des synergies.
En ce qui concerne le doctorat, nous supposons que son avantage diffère en fonction de l’entreprise cliente. Si nous sommes positionnés dans un environnement dans lequel il y a peu de chercheurs, notre apport est davantage de nous focaliser sur la dimension « méthodes de travail » scientifiques standards et personnalisables. Il nous appartient alors de faire ressortir les caractéristiques de l’équipe qui nous entoure afin de produire des outils adaptés à ses besoins. Nous pouvons faire cela pour des équipes qui se trouvent sur différents sites mais qui travaillent pour la même organisation sur des projets touchant à nos domaines de compétences.
Si nous sommes en francophonie où il y a déjà beaucoup de chercheurs, notre apport n’est pas d’aider à produire des outils ou de la connaissance théorique puisqu’ils savent très bien le faire mais plutôt de contribuer à la simplification de leurs travaux, et à la diffusion de ce savoir à en nous inspirant d’approches mobilisées dans les chaines de voyages, de découverte ou même certains films scientifiques qui visent à toucher le plus grand nombre dans un but de valorisation et communication responsable. Pour cibler quelques canaux de diffusions, il y a : les web tv, les pages de communication virtuelles, des chaines de télévision privées, des mondes de réalité virtuelle par exemple.
Il est également envisageable de déceler un leadership, des compétences transversales, un comportement « francophone » à travers la littérature liée à l’influence de la langue. En effet, s’il s’agit de pouvoir créer une connaissance valide, acceptable, dans un objectif de relations de travail plus harmonieuses.
En ce qui concerne la capacité à créer des synergies, nous pensons à la mise en relation de besoins spécifiques détectés d’un côté avec des expertises qui se trouvent dans un lieu géographique différent d’un autre côté. Dans un registre différent, nous pouvons aussi aller à la rencontre de ceux qui détiennent le savoir pratique lié aux relations de travail dans la zone francophone dans différents secteurs comme : l’éducation au sens large, la formation etc et recueillir leurs meilleures pratiques.
Il convient de proposer alors une plateforme d’intermédiation telle que notre technologie de l’information « Or en pépites » pour les rapprocher. Notre rôle sera alors de proposer l’application sans son contenu afin de laisser les experts le remplir à leur guise.
Nous proposons de réaliser ces études exploratoires en partenariat avec des enseignants-chercheurs dans des institutions universitaires.
Commercialisation, compétences spécifiques, communication interne,
Nous entamons une nouvelle réflexion dans la continuité de la clarification des offres de services du cabinet ZsC (Zs Conseils) créé par Nadine Laclé.
Il faut d’abord rappeler que nous avions proposé trois offres de service qui sont : la gestion de projet inter-entreprises, la mise en pratique de la compétence interculturelle traitée dans la newsletter 15. La dernière proposition a montré la possibilité de commercialiser l’application en tant que produit solo. Nous gardons la suggestion liée à la gestion de projet inter-entreprises pour la prochaine newsletter, c’est-à-dire la numéro 17.
A présent, nous allons aborder la question de la commercialisation de la technologie de l’information « Or en pépites » sans gestion de projet.
Avant de commencer, nous devons nous remémorer le fait que nous avions conçu « Or en pépites » en tant qu’ une illustration possible de la construction de la connaissance spécifique. Cette connaissance spécifique était une composante de notre modèle générique et spécifique (CCERE) qui permettait d’expliquer la survie des certaines TPE qui avaient été créées avec peu de ressources et une contrainte liée au temps.
Nous nous sommes appropriés cette composante pour tenter de voir comment elle pouvait se concevoir dans la vie professionnelle. Si les réponses sont nombreuses, nous avons choisi un chemin qui prend en compte les défis de l’époque actuelle avec la surabondance d’ informations disponibles et qui se superposent ; qui prend en compte également l’existence d’outils technologiques et numériques pouvant briser les barrières de temps.
Pour nous, « Or en pépites » est un outil qui rend possible la personnalisation de l’information à des fins pédagogiques, de communication, de partage de valeurs et causes communes à un ensemble de personnes éparpillées à travers le monde.
Si nous devions répondre à la question de savoir : quelle valeur pouvez-vous apporter à des clients qui n’auraient pas besoin des services de votre cabinet qui souhaiteraient uniquement l’application ? Nous pouvons évidemment rendre disponible l’application pour ce type de demandes à travers en en faisant un véhicule de valeurs, une ressource pédagogique, un outil de communication standard.
Nous entendons par véhicule de valeurs, toute entreprise, organisation, association qui se reconnait dans le slogan « l’excellence est un comportement ». Bien que nous l’ayons choisi pour des raisons propres à notre parcours et à notre expérience, il s’agit avant tout d’une phrase passe partout qui dit ce que transporte le nom « or en pépites ».
Associer les deux, peut permettre à tout produit nouveau ou à développement limité de se l’approprier à travers une licence de marque afin de s’en servir à des fins commerciales, didactiques ou de sensibilisation. Dans ce cas, nous nous adressons plutôt à des artisans, des fabricants de produits nécessitant un travail manuel ou non très élaboré qui mérite qu’on en explique les étapes pour les clients, fournisseurs, prospects ou nouveaux employés parfois.
Il peut s’agir aussi d’entités qui se reconnaissent dans le parcours qui est associé à la création du cabinet et de l’application son outil de communication (ouvrage numérique bientôt disponible en ligne sur le site du cabinet) de profils professionnels qui se lisent au regard des compétences et des aptitudes et non uniquement des organisations.
Ces parcours qui sont vus comme atypiques, singuliers ou chaotiques pour certains mais qui renferment tous le même objectif, la recherche de savoir et la construction d’un chemin conforme à la personnalité dans lequel le privé et professionnel et l’extraprofessionnel se mêlent. La licence de marque est également utile pour ceux-là.
Dans le cadre des ressources pédagogiques, nous pouvons y inclure les instituts de formation, les écoles, l’enseignement supérieur ou professionnel. Autant de lieux d’apprentissage dans lesquels les outils pédagogiques doivent varier en fonction des besoins, des populations, des projets qui pourraient à la fois l’obtenir à travers une licence de marque pour véhiculer une certaine idée de la recherche, se servir du cas en lui-même comme support réflexif d’apprentissage, montrer un cas de mise en pratique d’une formation doctorale d’une part.
Et puis, l’application peut également être utilisée sans sa marque et son slogan mais avec le contenu dans le cadre d’une licence d’exploitation « sous conditions ».
Les conditions incluent un cahier des charges et des accords préalables en ce qui concerne l’utilisation du contenu sans la marque et sans le slogan afin d’éviter toute usurpation d’identité, d’appropriation de la propriété intellectuelle ainsi que tout usage contraire à l’éthique, à la morale, et au respect des lois en vigueur. Ceci est également soumis à des contraintes géographiques et des clauses de non concurrence avec notre cabinet sur notre marché.
Une licence d’exploitation basique sans le contenu, la marque et le slogan est enfin possible. Cela s’adresse à des organisations qui disposent d’un grand nombre d’interlocuteurs à travers le monde et qui auraient besoin d’un outil didactique mais également de communication interne.
De même, il peut servir d’outils de formations à ceux qui forment fréquemment à distance partout dans le monde sur divers sites et qui ont besoin de différencier leurs outils de travail pour rendre leur savoir plus accessible (puisqu’il s’agit d’un outil de simplification) ou tout simplement pour diversifier et préparer autrement le contenu de leurs formations.
Ces utilisations potentielles ne requièrent évidemment pas la même approche, la même stratégie. Dans le cas des licences d’exploitation, nous souhaitons avoir recours à des prestataires qui seront rémunérés en fonction de leurs ventes.
Concernant les licences de marque, la même approche est souhaitable avec un contenu argumentaire différent, ce qui signifie que cette partie ne doit pas être confiée aux mêmes profils de professionnels. Il faut davantage se concentrer sur des prescripteurs ayant une relation de travail durable ou de confiance avec la cible finale.
Tout cela ne peut se faire sans une communication soignée dans certains média afin de rester dans logique du slogan, des valeurs véhiculées, des cibles visées.
Coordinateur de projet, facilitateur de paix, communication assertive
Dans cette newsletter, nous terminons la clarification des propositions de service émises par notre cabinet. Nous allons nous focaliser sur la dimension « projet » inter-entreprises ou inter institutions.
Nous devons d’abord rappeler que dans la newsletter 14, nous avions fait trois grandes suggestions liées à : à la gestion de projet, à l’interculturalité, à la commercialisation pure.
Les newsletters précédentes ont insisté sur ce que des éventuels partenaires pourraient attendre de nous. Ainsi la numéro 15 a parlé de valeur partenariale, et la numéro 16 a plutôt évoqué la commercialisation de l’application seule. Dans celle-ci (la numéro 17) nous allons aborder la question du management de projet.
Généralement le management de projet se fait à l’intérieur même des entreprises dans une logique d’exploitation. Nous n’entendons pas changer la définition du management de projet. Nous voulons plutôt souligner les possibilités de rapprochement entre deux structures à travers la coordination durant la phase – test. Si le manager n’est pas un meneur d’hommes, et nous partageons en partie ce point de vue, nous préférons dire qu’il doit amener les hommes à faire avec lui et à faire ensemble. En effet aucun projet test ne peut voir le jour si les hommes qui y sont affiliés ne sont pas vus comme tels.
Dans notre cas, nous voulons aider à : constituer les équipes pluridisciplinaires qui auront à travailler ensemble ; à résoudre les conflits ; dans une moindre mesure à faire preuve d’excellence opérationnelle au sens de Laclé (2020).
Dans un premier temps, nous pouvons contribuer à concevoir un plan d’étapes avec des outils de liaison, de communication, de suivi des objectifs.
En fonction de ce processus d’évolution nous pouvons alors aider à constituer les équipes qui permettront d’atteindre plus facilement les résultats escomptés. Ensuite, nous sommes aussi en mesure de pouvoir aider à gérer les conflits qui pourraient survenir en cas de mésentente au sein des équipes. Enfin, nous sommes capable d’aller acquérir les compétences à mettre en pratique au cours du projet en temps réel pour pouvoir le mener à bien et à son terme.
Pour commencer nous pouvons concevoir un plan de travail (en allant consulter d’autres plans) qui va contenir : les grandes étapes, les moyens nécessaires, les délais de réalisation, les outils pour suivre le projet, établir une phase test dans les deux entreprises et prévoir les surprises agréables ou désagréables qui peuvent venir perturber le bon déroulement du travail.
Nous avons parlé aussi de contribuer à garder la paix pour permettre de maintenir un climat de sérénité, qui peut parfois faire défaut lors de rapprochements d’entités différentes possédant des doublons en termes de compétences dans les équipes.
La paix étant une notion abstraite, nous entendons par là, l’harmonisation des relations et la mise en place d’un process de management interpersonnel qui vise à détecter tout élément qui peut risquer de venir contrecarrer les étapes de développement jusqu’à l’instauration du rapprochement, du partenariat, de l’alliance.
Habituellement l’expression « excellence opérationnelle », est utilisée dans les domaines suivants : l’armée ou dans les départements marketing des entreprises. Quelque soit le sens qu’ils lui donnent nous pouvons comprendre : l’exécution d’une stratégie particulière, d’un plan, d’une offensive, d’une pratique professionnelle.
Dans notre cas, nous l’avions évoqué pour rendre compte de la capacité de certains entrepreneurs à pouvoir se former pour les besoins du développement de leurs activités et à mettre en pratique au moment opportun.
Nous pouvons préciser que selon nous, pour arriver à mener à bien ce genre de mission, il faut aller se former ou suivre un mentor qui pratique ce type de rapprochement dans d’autres domaines d’activité, qui ne nous verra pas comme une menace, que nous pourrons suivre sur les aspects transférables et relationnels de son travail afin de se préparer au mieux. Ceci peut se faire en amont de la théorie.
En ce qui concerne l’application « or en pépites », elle peut être mise au service de ces alliances, partenariats ou rapprochements.
Dans la mesure où, nous pouvons la customiser pour en faire un outil de liaison, de transmission des informations au fur et à mesure afin que les différentes parties et autres entités concernées puissent être mis au courant des avancées et éventuels problèmes ou obstacles. Ces informations pourront alors susciter des retour d’expérience des personnes des investisseurs.
Ce genre de projet requiert pour notre cabinet la capacité à mettre en place une communication assertive et multilatérale entre les différentes parties afin que les deux institutions ou entreprises arrivent à adopter le projet et à travers sans notre concours une fois qu’elle sera passée dans la partie exploitation de leurs activités.
Ce qui signifie qu’il faut être capable d’établir des échanges entre plusieurs individus qui ont des opinions différentes et arriver à donner son point de vue en respectant les sensibilités des uns et des autres sans oublier que nous avons des objectifs à atteindre.
Marketing, trajectoires de vie, Récits
Dans cette newsletter 18, nous souhaitons relier différents modules de compétences afin de pouvoir transmettre de la connaissance.
Nous avons dans la newsletter 11 évoqué les différents thèmes de recherche que nous pouvions entamer avec notre activité professionnelle. Il a été question d’ : intelligence culturelle, entreprises à succès, de féminisme. Lors de notre expérience professionnelle en tant que chargée de cours vacataire et avant d’attachée temporaire d’enseignement et rechercher, nous avons eu à proposer des cours dans les matières suivantes : marketing stratégique lié aux ressources humaines, fondamentaux du marketing en plus d’autres activités.
Pour articuler tout cela, nous pourrions à présent proposer un savoir lié à : des récits d’entrepreneurs avec un accent mis sur la dimension culturelle. De même, nous pouvons essayer de parler de « féminisme entrepreneurial » sous forme de conférences en dehors des sphères universitaires.
Lorsque nous évoquons les récits d’entrepreneurs avec un accent mis sur la compétence interculturelle, nous ne parlons pas que des entreprises internationales. Il peut s’agir aussi de particularités régionales qui ont pu rendre une activité commerciale pérenne.
Ce qui signifie que nous parlons de culture au sens large. Elle s’applique aussi bien aux régions, aux pays, aux continents qu’aux activités entre elles ou secteurs d’activités qu’ils soient éloignés ou proches.
Les autres cours tels que les fondamentaux du marketing qui ont été jusqu’à présent faits d’un point de vue pratique avec des ouvrages de professionnels, peuvent être complétés par un apport théorique basé sur des cas réels que nous aurions contribués à réaliser.
A l’inverse, le marketing stratégique lié aux RH peut également être davantage éclairé par des pratiques plus singulières des ressources humaines actuelles étant donné que nous nous avions mobilisé des ouvrages écrits par des enseignants-chercheurs qui actualisent généralement leur savoir.
Dans un autre registre, nous souhaitons également présenter d’autres points de vue d’entrepreneurs et de travailleurs indépendants sous l’angle féministe afin de faire ressortir l’idéologie qui se cache derrière ces initiatives privées, personnelles, ces carrières nomades. Il ne s’agit pas de renier les courants existants mais plutôt de savoir dans quelle mesure ils correspondent aux besoins actuels et comment il serait possible d’aider les chercheurs et chercheuses à les appréhender.
Nous avons parlé de conférences dans un premier temps et non de cours car ce sont des sujets et thématiques qui nécessitent des tables rondes, des débats, des confrontations, des observations plus ou moins longues des pratiques existantes sur des territoires habituellement jugés conservateurs du point de vue des mœurs et coutumes ou libertés accordées aux femmes et pourtant qui laissent exister des figures entrepreneuriales incontournables.
Nous avons aussi évoqué la possibilité de pouvoir suivre le féminisme d’un point de vue interculturel. Nous souhaitons comprendre, recenser, le point de vue, les rapports que certaines ont vis-à-vis des autres cultures, des autres femmes et leur capacité à se mettre en synergie avec l’autre.
Les récits de vie, les récits de trajectoire, les approches biographiques nous semblent toujours pertinents pour faire ressortir les particularités qu’elles soient liées à l’entrepreneuriat, à l’interculturalité, ou encore au lien entre ces deux aspects.
L’objectif sera à terme d’inclure cette partie dans les cours qui seront proposés à travers les stratégies et les pratiques.
Newsletter 19
Puisque nous débutons toujours par trois mots clés, à l’issue de cette première série de newsletters qui ont permis de présenter notre cabinet et sa palette de services, nous souhaitons conclure par les deux proverbes et notre slogan au milieu.
« ceux qui attaquent et gagnent avec le feu sont dit intelligents, ceux qui attaquent en se servant de l’eau, sont reconnus comme forts » (Sun Tse, )
« l’excellence est un comportement »
« le succès tient au plus grand nombre de conseillers » (Prov 11 v14)
Nous vous disons à bientôt sur notre application « Or en pépites » !
Management 360°, pensée complexe, genre
Avant de commencer, il convient de rappeler que bien que l’objet de notre application soit la simplification, la vulgarisation de concepts académiques, nous n’entendons pas proposer une connaissance qui doive remplacer celle qui est produite par les auteurs que nous citons.
Elle doit être vue comme un début de compréhension possible mais qui nécessite d’être approfondie par ceux qui les découvrent par notre intermédiaire avant de pouvoir se les approprier comme nous essayons de le faire. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de proposer dans cette troisième newsletter, une pensée réflexive autour de trois mots: le marketing-management (Kotler, Keller, Manceau, Hemmonet-Goujot, 2019), la pensée complexe (Morin, 2005) et le BM responsable à travers le genre et le territoire.
Tout d’abord, le marketing-management est selon certains auteurs l’art de piloter l’ensemble des fonctions marketing. Il existe plusieurs fonctions marketing dans une entreprise en fonction de sa taille : stratégique, opérationnel, relationnel, Mix etc. L’approche marketing stratégique permet de choisir le meilleur moyen d’atteindre un objectif commercial qui aura été défini au préalable. L’aspect opérationnel va prendre en compte la mise en exécution de ce plan stratégique et les moyens pratiques mis en œuvre pour déployer cette stratégie. Le marketing relationnel est davantage lié à la clientèle de la conquête à la fidélisation. Pour terminer, l’approche marketing mix souligne la cohésion des éléments suivants : le produit ou service, le prix, la distribution, la communication.
En ce qui nous concerne, si nous proposons à l’heure actuelle un outil applicatif lié au marketing de 3.0 qui selon certains auteurs est le marketing des valeurs (Kotler, Kartalaya, Setiawan, 2012) c’est parce que nous avons tenté de relier ces approches marketing entre elles en nous focalisant sur le capital humain que ce soit au niveau des entreprises ou même des consommateurs. Les commandements du marketing de 3.0 sont formulés de la manière qui suit : aimez vos clients et vos concurrents, soyez sensibles au changement, défendez sans compromis votre réputation, les clients sont tous différents, adressez vous en premier à ceux que vous pouvez satisfaire au mieux, proposez une offre de qualité, soyez accessible et diffusez des bonnes nouvelles, gagnez des clients et gardez les, rendez service partout et tout le temps, améliorer fréquemment l’ensemble de vos services
Nous ne savons pas si nous y arrivons cependant nous pouvons oser un détour par la pensée complexe d’Edgar Morin pour l’expliquer. Il faut rappeler que selon cet auteur la notion complexité rend compte des relations d’interdépendances et liens qui existent entre les choses que nos esprits ne considèrent pas forcément dans un premier temps. Nous débutons par l’introduction à la pensée complexe (2005).
Il existe trois niveaux de pensée complexe : le principe du dialogue, le principe de récursion, le principe de l’hologramme. Pour simplifier, le principe dialogique souligne l’existence d’éléments complémentaires et antagonistes dans un phénomène donné. Quant à la récursivité, il met en lumière les relations de causes à conséquences et de conséquences à causes. Pour finir, le principe hologrammatique comme le nom l’indique met en lumière un aspect d’un phénomène mais cet aspect peut contenir tous les microéléments du phénomène.
Concernant la connaissance, puisque nous parlons de connaissance spécifique et information intelligente, l’auteur met par ailleurs en garde contre le fait de réduire un phénomène à l’ensemble des éléments qui le composent pour produire une connaissance complexe en précisant plus tard sa pensée. Cela contribue à donner une explication partielle du phénomène. C’est le principe de l’émergence.
Prenons par exemple notre modèle de BM CCERE (Laclé, 2020). Celui-ci prend en compte les composantes suivantes : le capital humain et financier, la connaissance générale et spécifique, l’entrepreneur avec ses contraintes de temps, ses réseaux, et l’entreprise créé c’est-à-dire la création de valeur en entrepreneuriat féminin. Nous avons mis en lumière les relations d’interdépendances et la combinaison entre ces différents éléments pour expliquer leur processus de survie au cours des premières années d’existence.
Nous serions davantage dans le principe de l’hologramme avec ce modèle bien que notre travail ne se réduit pas qu’à cette représentation, si nous voulions pousser plus loin le travail dans ce sens. Nous pensons que l’élaboration de modèles économiques ou encore business models responsables nécessitent une meilleure prise en compte des autres disciplines afin de proposer une connaissance globale pertinente.
Nous entendons par business models responsables ceux qui prennent en compte les aspects personnels et professionnels d’un candidat ou travailleur lorsqu’il est amené à effectuer une mission quelconque dans la mesure où ceux-ci peuvent influer directement sur sa production compte tenu des enjeux écologiques, de transition climatique et même de sobriété prôné par les économistes.
Cela ne nous empêche néanmoins pas de considérer les spécificités qui sont liées à un phénomène. Toujours dans le cas de notre travail doctoral, nous avons tenu compte du territoire dans son ensemble. Celui-ci est vu comme un espace géographique qui contient une certaine unité au niveau social culturel et économique (Noguera et al. 2015). N’ayant pas étendu ce modèle à d’autres territoires, il convient d’être prudent quant à la généralisation de la spécificité. D’autres territoires sont à explorer pour cela afin de voir si cette combinaison d’éléments est similaire avec le même type d’entrepreneuriat c’est-à-dire celui des femmes et mères ou femmes tout simplement.
Pour en revenir au marketing de 3.0 qui recommande de changer en même temps que les évolutions des clients potentiels donc de la société, voici ceux que nous essayons de mettre en pratique dans la mesure où les autres impliquent plus les clients et que nous ne pouvons pas parler à leur place :
« aimez vos clients et respectez vos concurrents, soyez sensibles au changement, défendez votre réputation sans compromis, soyez accessible et diffusez de bonnes nouvelles, rendez service partout tout le temps, améliorer continuellement l’ensemble des composantes »
Nous considérons donc le marketing-management sous l’angle du genre comme un management à 360° puisqu’il imbrique des composantes transdisciplinaires interdépendantes.
Il faut préciser qu’une vision à 360° implique d’avoir une prise de hauteur tel un aigle par rapport à une situation donnée.
Approche holistique, performance, management spécifique
Précédemment nous avons évoqué le management du marketing des valeurs . Dans la newsletter de cette semaine, nous allons aborder le management de la performance, de la productivité de ce point de vue. Il convient de distinguer le management d’équipe et le management de l’expertise. Nous choisissons le management de l’équipe dans cette newsletter.
Nous proposons de nous pencher sur l’approche holistique de la performance développée par Kotler, Ketler et Manceau (2012) dans leur ouvrage sur le marketing management et repris par Brillet et Gavoille (2017) dans le leur sur le marketing ressources humaines (RH). Cette approche se matérialise au niveau de la mise en œuvre des actions qui opérationnalisent la stratégie. Pour une meilleure optimisation des objectifs, nous choisissons l’approche holistique de Kotler (2012).
Tout d’abord La performance marketing est selon Kotler une recherche de perfectionnement par le biais de l’efficacité et de l’efficience. Nous nous focalisons sur l’efficience dans notre exploration réflexive. Et, si nous nous fions à l’efficience, la productivité peut être vue comme le résultat de l’optimisation du processus d’efficience.
Pour revenir à l’approche holistique de la performance, les auteurs préconisent de prendre en compte les critères suivants : les personnes, les processus, les programmes d’actions en plus de la performance elle-même. Concernant le critère « personnes » il permet de souligner l’importance des employés d’une entreprise dans la réussite de la démarche marketing. De même, les processus et les programmes d’actions amènent à prendre en compte la démarche globale des étapes de réalisation de la démarche marketing. Par ailleurs, la performance implique dans l’approche holistique que l’impact pour l’organisation et ses parties prenantes soit pris en compte.
Comment mettre en place l’efficience d’une équipe à travers les plannings d’action et processus de travail pour une performance globale ou holistique ?
Nous proposons de prendre le cas de notre première expérience de création d’activité entrepreneuriale qui eu lieu entre 2009 et 2013 toujours dans le cadre de la conciliation des temps de vie et d’une tentative d’ autonomisation économique.
Ainsi, lors de notre première expérience de création d’entreprise, nous avons tenté cette approche holistique de la performance et de la productivité en proposant des activités alternatives de « bien-être » en complément des mesures existantes dans le cadre de la gestion des risques psychosociaux et de la prévention du stress à une époque encore récente où des mesures avaient été prises dans ce sens pour les entreprises d’une certaine taille.
Dans une démarche critique bien des années après de notre approche, nous pouvons dire qu’il ne nous revenait pas de choisir pour les salariés et donc de proposer à leurs employeurs des solutions dites de « bien être » bien que ces activités aient le droit d’être proposées indépendamment de ces problèmes de société.
La recherche du bien être doit être personnelle et propre à chaque individu et nous ne pensons pas qu’il faille faire rentrer ces aspects dans le monde déjà chargé du travail. Bien que notre démarche ait été salutaire pour certains, et que nous ne reniions pas ce que nous avons fait, nous préconisons une gestion par équipe ou par département en fonction du nombre de personnes.
En effet, un management spécifique en fonction des contraintes métiers de chaque entité davantage axé sur la flexibilité des horaires, la mise en place du télétravail, un processus de réalisation des objectifs transparent pour les parties génériques des projets afin que d’autres puissent remplacer en cas d’absence au « pied levé » peuvent par exemple éviter des sources de conflits internes, d’anxiété pour les managers qui sont tenus au respect des objectifs.
Ceci n’étant qu’un exemple étant donné la diversité des situations que nous sommes amenés à rencontrer sans parler de la spécificité des postes et des métiers et du niveau d’expertise des personnes. Nous souhaitons porter l’attention sur les causes de ce stress ou mal être qui peuvent être gérées au niveau du management à travers les formations qui permettent d’envisager certains problématiques et de les anticiper plutôt que de proposer des solutions toutes faites une fois que le mal est propagé.
Si nous faisons notre mea-culpa, ce n’est pas pour empêcher d’autres acteurs tels que notre ancienne structure de prospérer en entreprise mais de leur suggérer de les proposer dans le cadre des activités de loisirs librement choisies.
Il ne faut pas oublier que : l’aisance relationnelle du manager qu’il ou elle aura acquis dans la pratique longue d’une activité extraprofessionnelle par exemple, son habileté à savoir animer des équipes d’horizons divers, aux compétences et personnalités complémentaires ainsi qu’à la maîtrise de la communication interpersonnelle sont des éléments importants pour la mise en place de cette optimisation de l’efficience.
Pour une dynamique manager-équipe optimale, nous devons tenir compte de : la légitimité perçue qui vient d’une compétence minimum du cœur de métier même si des experts forment l’équipe ; l’expérience managériale, de la connaissance du secteur d’activité.
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Histoire, connaissance réelle, management
La newsletter précédente (20) a permis de montrer notre vision du management des équipes et nous l’avions distingué du management de l’expertise. Nous allons donc parler de management d’expertise sous un angle authentique à travers une personnalité historique. Pour cela, nous allons essayer de nous pencher sur un personnage de roman « la reine Margot » d’Alexandre Dumas sorti en 1845 et adapté au grand écran par Patrice Chéreau en 1994.
Nous avons préféré connaitre la vision des historiens (Bassan, 1987 ; De Saint Poncy, 1887) car selon nous elle incarne cette expertise naturelle qui se développe grâce à la longue exposition à un environnement qui nous façonne et nous donne une expertise voire même un rôle.
Ainsi Marguerite de Valois, fille de Catherine de Médicis et sœur de trois rois de France, nous a paru intéressante à bien des égards pour illustrer cette expertise qui provient de notre environnement naturel et qui peut s’avérer utile professionnellement. Vous aurez compris que nous ne souhaitons pas parler de management de projets puisque de nombreux professionnels et chercheurs l’ont abondamment documenté et nous ne pensons pas faire mieux.
Avant de commencer, nous devons rappeler que Marguerite de Valois était une catholique, fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis devenue régente à la mort de son époux. Elle a uni sa fille Marguerite à un protestant Henri de Navarre dans une démarche d’apaisement car leur époque était gangrénée par les conflits de religion extrêmement sanglants.
Bien qu’elle ne soit pas toujours parvenue à éviter certains massacres, et qu’elle ait sombré même dans la violence à certains moments, c’est la fin de sa vie qui nous importe. Alors qu’elle fut exilée en auvergne et assignée à résidence après que son armée personnelle ait été défaite, et qu’elle ait été salie publiquement par ses adversaires politiques, elle a réussi à retourner l’opinion publique en mettant en avant les compétences provenant de son éducation à travers sa connaissance fine de l’art et en mettant en œuvre ses talents d’écrivain.
Elle était également vue comme une mécène encourageant les artistes de son époque. De même, sa lecture du paysage politique lui a permis de se constituer un réseau puissant d’informateurs dans la région d’auvergne qui s’est avéré utile à des moments importants pour ses alliés.
Bien qu’elle n’ait jamais été officiellement une femme d’état comme sa mère, mais plutôt donné en « mariage » comme un objet de transaction si l’on peut s’exprimer ainsi et comme cela se faisait beaucoup à l’époque, son éducation lui a permis de poser des actes qui ont permis par la suite être à certains historiens de la considérer comme une « Femme d’Etat ».
Alors qu’elle avait contribué à ce que son époux devint le roi par son mariage, celui-ci s’est remarié à son accession au trône. Pour le maintien et la pérennité du trône royal, ainsi que pour ses affaires personnelles fructueuses, Marguerite de Valois qui n’avait pas donné d’héritier à son époux, décida de soutenir son ex-mari, qui fit d’elle la marraine d’un de ses fils en retour.
Leur alliance a alors renforcé le trône, en effet Henri de Navarre devint Henri IV mais son accession au trône vit naitre une nouvelle dynastie royale.
Nous voyons donc que le mélange des frontières entre la vie privée et la vie personnelle est fréquent lorsqu’il est question de très hautes fonctions. Cette confusion des frontières est même souvent essentielle à la bonne marche des activités, à la stabilité et à la paix parfois.
A travers la gestion de ce que nous nommons « expertise naturelle » celle qui est donnée par l’environnement qui nous « humanise » et qui nous assigne une fonction naturelle que nous soyons rémunérés ou pas, que nous ayons un diplôme qui le formalise ou pas, nous obtenons une autorité morale qui parfois est davantage reconnue que notre expertise professionnelle.
Pourquoi ce détour par l’histoire de France ?
Tout d’abord parce que nous sommes particulièrement férus d’histoire avec un grand H et concernés par les figures féminines qui ont marqué leurs époques et leurs contemporains.
Ensuite parce que la force de l’éducation ne se voit qu’à travers ses personnages qui ne montraient pas de grands diplômes d’institutions prestigieuses mais plutôt à travers une éducation éparse.
La troisième et plus importante raison, c’est parce que ce personnage a déployé ses compétences clés à un moment crucial pour sa survie, sa réputation qui lui ont permis de rebondir plus tard.
Enfin cette connaissance (pas seulement culturelle) des hommes de pouvoir que lui confère son environnement éducationnel et leur gestion à travers l’histoire ont fait d’elle un personnage que les historiens ont choisi de réhabiliter à l’aune des faits.
Pour revenir à notre vision du management, nous pensons qu’il est possible de déceler une compétence managériale liée à une complexité (newsletter 19), à une spécificité (newsletter 20) ou à une éducation particulière (newsletter 21) non visible sur un curriculum vitae traditionnel.
Cette dernière compétence donne des pistes pour tenter des missions de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de conseils etc. Pour résumer, nous pensons qu’être exposé à un environnement durant une longue période, donne une connaissance, une expertise qui permet d’avoir une lecture pertinente et « juste » en fonction des circonstances et des interlocuteurs lors de crises, de conflits, d’incertitude.
Il nous a semblés important de prendre un personnage historique pour parler de cette compétence managériale dans la mesure où elle a été mise en œuvre et mise en lumière par les évènements plutôt que d’évoquer notre propre parcours qui est déjà présenté dans les newsletters en particulier celle qui traite de « Société, interculturalité et féminisme » et manquer à notre devoir de réserve en allant plus loin dans les récits.
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